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ISF : Une adhésion massive !

Principale revendication des gilets jaunes pour plus de justice fiscale, la remise en vigueur de lISF est plébiscitée jusque chez les soutiens de La REM, selon un sondage IFOP pour lHumanité.

Cadeau de 4 milliards d’euros aux premiers de cordée, la suppression partielle de l’impôt sur la fortune (ISF) et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI) pourraient-elles provoquer la chute d’Emmanuel Macron ? Au diapason des gilets jaunes, sept Français sur dix, interrogés au lendemain de l’allocution présidentielle de lundi dernier, plébiscitent le retour de l’ISF, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Humanité. « Un score massif qui explique pourquoi cette revendication figure en bonne place dans le cahier de doléances des gilets jaunes, souligne le directeur du département opinion de l’IFOP, Jérôme Fourquet. Et si certains se demandaient pourquoi, en dépit des images de violences du week-end, la sympathie au mouvement des gilets jaunes demeurait si élevée, c’est bien parce que les Français se sont saisis de ce mouvement pour faire passer un message de mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement, notamment en matière d’accroissement des inégalités ». De ce point de vue, ajoute le politologue, « le retour de l’ISF fait figure de mesure emblématique de la contestation à l’encontre de Macron et, en symétrie, de soutien au mouvement des gilets jaunes ».

Si une très large majorité des personnes interrogées souhaite un recul de l’exécutif sur cet impôt jadis payé par les plus riches, les actifs (72%) et plus encore les 25-49 ans (74%), les ouvriers et employés (79% et 76%), ainsi que les professions intermédiaires (72%) franchissent le seuil des 70%. Même les indépendants (67%), cadres (61%) et dirigeants d’entreprise (72%), soit le « milieu » de cordée, électorat cible du président de la République, n’ont pas été convaincus par les justifications de l’hôte de l’Élysée. « Il faut dire que l’ISF, même à sa grande époque, ne concerne que 1% de la population. Même les cadres et les petits patrons, qui ont de bons niveaux de rémunération et de patrimoine, sont non assujettis à cet impôt. C’est sans doute ce qui explique, de leur part, la forte impopularité de la suppression de l’ISF », analyse Jérôme Fourquet.

Si de nombreuses catégories sociales se retrouvent donc dans leur opposition à la suppression de l’ISF, la mesure fait aussi le plein contre elle, quelles que soient les familles politiques. À gauche, c’est un plébiscite : 90% des proches de la France insoumise et du Parti communiste français la rejettent, de même que 85% des soutiens du Parti socialiste et 75% de ceux d’EELV. Avec 80%, le rejet est également massif chez les sympathisants du Rassemblement national. Même au centre, la mesure est impopulaire, avec 51% de contre au sein du bloc majoritaire En marche (49%), Modem (57%). Idem du côté des Républicains (55%). Ce rapport s’accentue et s’inverse lorsqu’on prend cette fois les électeurs d’Emmanuel Macron (64%) et de François Fillon (48%), au premier tour de l’élection présidentielle. « La très grande proximité entre LR et En marche sur ces questions économiques et sociales explique ces écarts », souligne le responsable de l’IFOP. « Ce phénomène a déjà été remarqué au moment de la réforme de la SNCF. Macron avait alors été soutenu par l’électorat de droite. Sur l’ISF, ajoute Jérôme Fourquet, une bonne partie de l’électorat de droite (45%), même si c’est minoritaire, campe sur les mêmes positions qu’En marche pour ne pas revenir sur l’ISF. C’est peut-être l’un des objectifs d’Emmanuel Macron : poursuivre cette stratégie qui consiste à essayer de capter l’électorat de droite en menant cette politique économique et fiscale libérale. »

Emmanuel Macron n’est pas le premier président de la République à s’être attaqué à l’ISF. Ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy l’avaient ensuite payé cher. Le bouclier fiscal du dernier avait ainsi cristallisé la colère, notamment après le remboursement de 30 millions d’euros à Liliane Bettencourt, au titre de ce système de plafonnement des impôts à 50% des revenus. Sarkozy comme Chirac avaient été contraints de revenir dessus. « Nous sommes dans un pays qui est toujours très sensible aux questions de la justice et d’inégalités, note Jérôme Fourquet. L’ISF fait figure de totem. Et si les conseillers d’Emmanuel Macron ou lui-même ont pu dire à l’automne dernier qu’ils avaient gagné la bataille de l’opinion, il n’en était rien. Si l’ISF n’a pas été l’élément déclencheur du mouvement des gilets jaunes, il est devenu l’un des enjeux du bras de fer entre eux »

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ISF : Une adhésion massive !

le 18 December 2018

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