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RÉFORME DES RETRAITES

Contre le projet de démolition Macron,

imposer une nouvelle innovation sociale et démocratique

 

Quand Edouard Philippe vient nous présenter au CESE
(conseil économique, social et environnemental) le projet de (contre)-réforme des retraites de son gouvernement, en application des engagements d’E. Macron,
il utilise une méthode et deux arguments, tous trois éclairants.

 

La méthode : il s’adresse aux forces vives de la nation, la « société civile organisée – toutes les organisations syndicales, les associations, le monde de l’environnement et de l’écologie, le patronat, les différents courants de pensée, le monde de l’agriculture, de l’ESS, de la mutualité, etc. – mais il ne permet pas le débat, ni l’échange. C’est très significatif et grave.

 

Le premier argument, l’affolement démographique. Nous serions bien trop peu d’actifs par rapport aux retraités : 4 pour 1 en 1960, 2 pour 1 en 2000 et 1,5 pour 1 d’ici 2040, selon les projections.

Mais il masque une chose majeure, c’est que les richesses créées par actif ont énormément augmenté : en 2000 on produit 4 fois plus qu’en 1960, en 2040 on produira 1,6 à 2 fois plus qu’en 2000 (selon des projections très raisonnables).

C’est dire que l’enjeu, c’est la production de richesses ! Mais alors pourquoi « ils » sont obsédés par cette réforme ? Parce qu’il est de moins en moins possible de concilier gains pour le capital et développement du système de retraite. Il faut choisir. Et « eux », ont choisi le capital.

Leur système est construit pour appauvrir et diminuer les pensions, ouvrant largement à la place à la capitalisation. Il ouvre la voie à bien plus que 42 systèmes spéciaux de capitalisation, par entreprises, secteurs ou professions, comme on l’observe là où un système similaire a été mis en place. L’inégalité au carré ! Il ouvre la voie à un cumul retraites/travail, à un recul de l’âge réel de cessation d’activité !

Cela nous montre le chemin : la création de richesses et la lutte contre le capital sont les deux enjeux majeurs pour un système de retraites à la hauteur des défis du XXIe siècle ! Cela tombe bien, car ce sont les deux leviers des propositions de financement de notre contre-projet : taxer les revenus financiers du capital des entreprises et favoriser l’élargissement de la masse salariale et de l’emploi pour les recettes et la croissance saine, en taxant plus fortement les entreprises qui suppriment des emplois, les autres étant taxées au taux normal.

Agir sur les entreprises pour une autre croissance est l’enjeu politique majeur de la bataille sur les retraites. Comme d’ailleurs de la bataille écologique ou industrielle !

 

Le deuxième argument d’E. Philippe : « nous prenons notre temps, ne vous en faites pas. Nous trouverons des aménagements équitables, voire justes, pour les régimes spéciaux, et pour les fonctionnaires (soignants et enseignants, notamment) ». C’est une arnaque pour endormir les mobilisations. En réalité, il veut prendre la décision de principe le plus vite possible. Quitte à ensuite prendre le temps pour la mise en musique !

 

Enfin, est intervenue la mise en scène d’E. Macron : « âge ou durée de cotisation » ? Traduction : voulez-vous être mangés frits ou bouillis ? Dans les deux cas, il s’agirait de consacrer moins aux retraites ! « Travailler plus longtemps », répète-t-il systématiquement. Et d’ailleurs, la « clé de voute » du système, c’est que la part du PIB consacrée aux retraites resterait plafonnée à 14% du PIB que le nombre de retraités d’accroît ! Et en cas de récession, on aurait une diminution franche des pensions. C’est cela ce que permet leur système par point : piloter d’en haut la part des richesses créées consacrée aux retraites.

Ils avancent masqués car les Français ont compris qu’on veut les arnaquer : 64% des gens ne pensent pas que la réforme permettra de maintenir un système des retraites solidaires (sondage Les Echos, juillet 2019).

 

Alors il faut en entamer une campagne d’explication et de mise en débat de nos propositions.

 

Le système prétendument juste et simple présenté par JP Delevoye est une entreprise de démolition au service du grand capital financier et de ses intérêts dont E Macron est un représentant patenté.

Il ne permettra pas plus de clarté, ni plus de justice, ni l’équilibre financier du système sur longue période, et encore moins d’équité, sauf à interpréter la généralisation d’une pension médiocre comme un progrès vers l’équité. Il ne répond pas aux défis humains et économiques de notre temps. Nous nous y opposons et proposons une autre réforme de progrès social, avec un volet financier, un volet démocratique, une unification de progrès des régimes, une simplification et le respect des principes de solidarité intergénérationnelle et interprofessionnelle, des prestations connues, une réelle transparence. Un système responsabilisant les entreprises pour une tout autre croissance et activité, car les pensions sont financées par un prélèvement sur les richesses créées.

Il s’agit de faire connaître nos propositions, mener le débat avec les forces sociales, les travailleurs et tous les citoyens. Employons-nous en même temps à cons­truire un front unifié contre ces projets du gouvernement. Participons à toute initia­tive permettant d’avancer en ce sens.

 

La clé de voûte du système Macron-Delevoye ? Tout ramener à un seul para­mètre : la valeur du point, qui sera imprévisible car elle variera et sera déterminée chaque année par un aréopage technocratique,

 

Dénonçons ce projet et éclairons sur sa logique.

Nous avançons des propositions cohérentes pour une réforme alternative, dont notre système a tant besoin. Elles permettraient de dégager d’ici 5 ans entre 70 et 90 milliards d’euros supplémentaires, d’assurer la possibilité de partir effectivement à partir de 60 ans, avec une pension digne, tout en ayant la liberté de continuer de partir plus tard si on le souhaite. D’un système plus unifié.

La logique de la bataille sur les retraites ? Un combat majeur de toute la société face au capital financier d’une part sur la répartition des richesses, d’autre part sur l’utilisation des richesses par les entreprises : nourrir le capital et les profits égoïstes ou développer avec l’ensemble des richesses une production visant à libérer du temps de vie épanoui et en bonne santé, au-delà du travail ?

 

Nos propositions visent à entrer dans une dynamique de progrès pour emmener toutes les entreprises vers une autre logique.

Frédéric Boccara (extraits)

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RÉFORME DES RETRAITES

le 15 octobre 2019

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