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LES MUNICIPALES NE SIGNENT PAS UNE NOUVELLE "VAGUE VERTE"

 

C’est le retour du clivage gauche-droite

Le grand récit mythologique sur "le Nouveau Monde" était faux.

 

Guénolé, intellectuel altermondialiste et engagé à gauche, politologue (PhD) et essayiste.

Quasi systématiquement, la victoire verte est en fait la victoire d’une liste d’union de la gauche, avec des écologistes pour chefs de file. La “vague verte” est donc en réalité une “vague d’union de la gauche”, à laquelle s’ajoute un rééquilibrage interne à la gauche au profit des Verts.

 

Victoires de listes d’union de la gauche, solide maintien des mairies de droite, écroulement de LREM et de LFI: la véritable leçon des élections municipales de 2020, c’est le grand retour du clivage gauche-droite (et non pas une “vague verte”).

En apparence, le second tour des élections municipales de 2020 marque une “vague verte”. Les villes de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, peut-être Marseille, et bien d’autres, auront désormais des maires écologistes. Cependant, quasi systématiquement, la victoire verte est en fait la victoire d’une liste d’union de la gauche, avec des écologistes pour chefs de file. La “vague verte” est donc en réalité une “vague d’union de la gauche”, à laquelle s’ajoute un rééquilibrage interne à la gauche au profit des Verts.

Parallèlement, l’on constate d’une part que des mairies de droite se maintiennent dans les villes de taille moyenne; d’autre part, que LREM et La France insoumise, précisément les deux forces qui proclamaient la mort du clivage gauche-droite, se sont écroulées.

LREM et LFI à la peine

LREM annonçait qu’elle allait “disrupter” le clivage gauche-droite. Hier soir, le parti d’Emmanuel Macron n’a remporté aucune victoire significative, certaines défaites comme celle d’Agnès Buzyn à Paris sont particulièrement cuisantes, et les listes où figuraient des membres du gouvernement (Marlène Schiappa, Gabriel Attal et Agnès Pannier-Runacher) sont toutes battues.

La France insoumise (LFI) revendiquait la stratégie du “populisme de gauche”, c’est-à-dire fédérer le peuple et refuser les stratégies d’union de la gauche. Hier soir, LFI n’a pourtant conquis aucune grande mairie sous ses propres couleurs -même dans les villes à très fort électorat populaire. Surtout, pour l’essentiel, LFI ne remporte des grands succès que comme partenaire mineur de listes d’union de la gauche généralement conduites par des écologistes), soit très exactement le contraire de la stratégie du “populisme de gauche”.

 

La triple leçon

La triple leçon des résultats des élections municipales de 2020 est donc, tout à la fois, le retour en force du clivage gauche-droite, l’invalidation douloureuse des stratégies politiques qui prétendaient le supprimer, et l’invalidation des très nombreuses analyses politiques qui depuis 2017 soutenaient qu’il avait disparu.

Plutôt qu’un grand retour ou une résurrection, ces municipales sont la confirmation spectaculaire qu’en réalité, le clivage gauche-droite n’avait jamais disparu. Le grand récit mythologique sur “le Nouveau Monde” était faux. La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017, tandis que les grands partis traditionnels, gauche et droite, étaient éliminés dès le premier tour, n’était ni le triomphe d’un candidat non aligné ni la mort du clivage gauche-droite.

En réalité, Emmanuel Macron était clairement situé dans le paysage politique traditionnel: il a été très rapidement le candidat du centrisme, fort du ralliement de François Bayrou et de personnalités de centre-gauche. En réalité, la droite ne s’est pas effondrée: le favori de la présidentielle était même son candidat, François Fillon, jusqu’à ce que sa mise en examen dans les tout derniers mois de la campagne empêche de facto sa candidature. En réalité, ce n’est pas la gauche qui s’est effondrée en 2017: c’est le PS, suite au rejet considérable du bilan de François Hollande par son propre socle électoral. L’électorat de gauche s’est donc reporté sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon, par défaut et par “vote utile de gauche”, faisant paradoxalement de lui un candidat d’union de la gauche malgré lui.

 

Un Nouveau Monde? Pas vraiment

En d’autres termes, plutôt qu’un “Nouveau Monde”, l’élection présidentielle de 2017 est une sorte de mélange entre celles de 1969 et de 1974. Comme en 1969, la gauche réformiste s’écroulant, le candidat de gauche radicale (Jacques Duclos à l’époque, Jean-Luc Mélenchon en 2017) récupère un “vote utile de gauche” qui restera sans lendemain. Comme en 1974, le candidat de la droite s’écroulant, le candidat centriste en profite pour se qualifier au second tour à l’arraché: Valéry Giscard d’Estaing à l’époque, Emmanuel Macron en 2017.

La preuve étant faite de la persistance du clivage gauche-droite, reste à savoir si la gauche parviendra à bâtir une candidature d’union de la gauche à la prochaine élection présidentielle, et des candidatures d’union de la gauche aux prochaines législatives.

 

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LES MUNICIPALES NE SIGNENT PAS UNE NOUVELLE

le 30 juin 2020

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