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REPOLITISER LE PEUPLE ?

 

La question fondamentale posée à tous les républicains par l’abstention est donc simple finalement. Est-il possible par l’élection de décider d’une politique concrète pour la liberté, la propriété, la sureté et les droits du plus grand nombre ? Autrement dit, puisque toutes les politiques publiques suivies jusqu’alors ont fait le contraire, est-il possible de rompre résolument avec ces politiques ? C’est bien la conscience populaire qu’aucun vote ne peut remettre en cause le système, transformer réellement les priorités politiques qui est au cœur de la fracture citoyenne.

Le système utilise les élections présidentielles pour reconstruire périodiquement cette illusion démocratique d’un vote dont l’utilité se limite au choix d’un candidat. Mais la présidentielle est justement l’élection la moins démocratique qui soit, celle où les médias jouent le plus grand rôle, où les moyens financiers jouent le plus grand rôle. On n’en est pas encore à la situation US où un candidat à la présidence doit nécessairement être milliardaire, mais on s’en rapproche. Et la présidentielle 2017 est une fantastique démonstration de la capacité du système à orienter le processus vers son poulain principal, piégeant la démocratie dans une fausse alternative, lui ou l’extrême-droite, qui dans certains pays a conduit... à un président d’extrême-droite. C’est l’expérience aussi de nombreux insoumis enthousiasmé par la campagne JLM2017 mais plongés dans le doute depuis. Comme le chante l’internationale, le sauveur suprême est toujours une illusion ! D’ailleurs à l’évidence, un président qui tenterait de rompre avec le système en ayant parlement, sénat et collectivités contre lui n’irait évidemment pas loin !

Donc, il faut répondre à cette question pour toutes les élections. Le vote peut-il être autre chose qu’une protestation inutile ? Autre chose que l’illusion d’une nouvelle marque ou d’un nouveau nom ? Peut-il porter une exigence de rupture avec les politiques suivies, porter des revendications devenues des programmes politiques ?

Si oui, on a de quoi reconquérir des citoyens méfiants, défaitistes, on peut redonner du sens à une démarche électorale dont on attend un effet concret, bref, on peut "repolitiser" le peuple.

Si non, il ne reste alors que le marketing et le populisme et la démocratie que nous connaissons est une impasse pour changer la vie.

 

 Pas d’issue démocratique sans changement de société

La question démocratique interroge donc la possibilité et la forme que peut prendre un changement de société. Car pourquoi toutes les politiques suivies jusqu’alors, malgré les nombreux changements de majorité, n’ont jamais "changé la vie" pour la majorité ? On le sait bien ! C’est parce qu’elles ont toujours répondu aux intérêts d’une minorité, celle des plus riches, des mieux intégrés, des "gagnants" de la concurrence, des "premiers de cordées" dont devaient "ruisseler" les bienfaits... celle de la bourgeoisie dirait un communiste classique.

S’il est possible de conduire une politique pour l’intérêt général qui ne se décide ni à la bourse, ni au Medef, alors il est possible de changer de société, et alors la démocratie a un sens ! Mais elle ne peut avoir de sens que si elle porte justement l’ambition du changement de société. Car tant que le capitalisme domine la vie politique, ce seront toujours les intérêts d’une minorité qui seront prioritaires. Autrement dit, dans le capitalisme, il ne peut y avoir de démocratie réelle, seulement un ersatz, une scène, un théâtre... sachant que la vraie pièce se joue ailleurs, dans les banques et les sièges sociaux.

Le défi politique posé à tous les républicains, mais qui est crucial pour les communistes, c’est de retrouver la capacité à porter le projet d’une autre société, une société réellement démocratique, dans laquelle les intérêts de la majorité, donc de ceux qui travaillent, sont réellement le cœur du débat démocratique. Et cela suppose de dire comment le processus électoral peut créer les conditions de ce changement de société. A l’évidence, il ne peut pas suffire, surtout si les électeurs sont majoritairement dans cette illusion que le vote est l’essentiel, alors qu’il ne peut être qu’un moment, qu’il est impossible d’avoir un vrai changement de société sans des millions de personnes impliquées à tous les niveaux pour le construire !

Pour les communistes, cette société porte un nom, le socialisme, et ce que le vote doit porter pour être utile, c’est d’être perçu comme un outil pour créer les conditions d’une "révolution" quelle qu’en soit la forme historique. Et c’est bien parce-que c’est la seule société démocratique possible que la guerre idéologique contre le socialisme a durablement installé l’idée que le socialisme est le goulag.

Il n’y aura pas de réponses à l’abstention sans reconstruire un vote porteur d’une exigence révolutionnaire, sans reconstruire la perspective d’un socialisme à la française.

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REPOLITISER LE PEUPLE ?

le 05 August 2020

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