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« LES PRIMAIRES » : LA PORTE DU BONHEUR ?

En ce début d’année 2016, il est un refrain que l’on entonne sur tous les tons, et qui résonne dans tous les médias politiques. Les primaires à droite, les primaires à gauche, les primaires toujours, semblent devenir la porte du bonheur promis en 2017.

Ferrat, ironisant, nous a rappelé en chanson qu’il ne fallait « plus rêver et qu’il était opportun d’oublier nos folies d’avant quatre-vingt -un. La liberté dans un monde plus juste fait partie des slogans qui sont un peu vétustes ».

La porte du bonheur est toujours une porte étroite mais elle n’est toujours pas la porte à droite.

Si elle reste bien la porte à gauche, je doute fort, que les primaires, quelque soient leurs formes, telles qu’elles nous sont présentées sur l’étalage, soient la clé de cette porte tant désirée.

Cette fièvre qui envahie la gauche, est justifiée par l’impérieuse nécessité de sortir du marasme social, économique, politique et environnemental de notre pays. Le constat, l’analyse et la décision qui en découlent sont justes. Ca ne peut pas continuer ainsi !

F. Hollande et le parti socialiste ont choisi depuis 2012 la porte à droite !

Consécutivement à cette certitude, ceux qui sont aux responsabilités à ce jour, depuis 2012 devraient être naturellement disqualifiés.

Il est curieux de constater que l’appel lancé par les premiers signataires pour une primaire à gauche, parmi lesquelles figurent des notoriétés politiques se réclamant de cette même gauche, la précaution est prise de préciser, qu’il ne s’agit en aucun cas d’éliminer par cette initiative, F. Hollande, et sans doute M. Valls.

Par la voie de son secrétaire national, le parti Socialiste à d’ailleurs emboîté le pas à cette idée géniale de repositionner tout le monde sur la ligne de départ, en précisant toutefois, que si le candidat Président sortant, déclarait qu’il était prêt à poursuivre son travail, alors il faudrait tout naturellement, par respect, lui accorder la place de prioritaire. Cette triste conception de la politique, est malheureusement aujourd’hui coutumière, du parti de Jean Jaurès.

Cette contradiction est curieuse et choquante. Elle consiste à proposer des conditions pour le changement, en conservant dans la formule du renouveau, ceux qui par évidence sont ciblés comme responsables du désastre établi. Pas très sérieux, ni courageux, ni convaincant sans aucun doute !

Plus à gauche on évoque aussi la recette « primaires », mais en écartant ceux qui ont aujourd’hui directement les mains sur les commandes, ainsi que ceux qui de près ou de loin ont des responsabilités sur les choix de la porte droitière. Cette proposition a le mérite d’être conforme à une volonté d’assurer le changement avec des engagements imprégnés des valeurs de la gauche. Mais est-ce vraiment une garantie sans risque de reproduire la tromperie de 2012 voire 1981?

Chacun d’entre nous a pu entendre ou lire aussi, que les primaires n’étaient pas souhaitables, et que J. Luc Mélenchon porteur des couleurs de la « vraie gauche » en 2012 pourrait à nouveau être l’homme providentiel.

On évoque aussi les réticences pour de nombreux électeurs qu’ont pu générer parfois les comportements personnels du leader du parti de Gauche. Ces mêmes réticences se sont vérifiées lors des échéances électorales qui ont suivi (Municipales, Départementales et Régionales).

Peut-il alors être le candidat par défaut ?

Ces dysfonctionnements répétés dans la dernière période mettent en évidence, que même s’il reste pertinent, le rassemblement initié par le PCF, à savoir le Front de Gauche, doit être conforté dans son contenu politique, et clarifié dans sa forme, pour gagner la crédibilité des électeurs.

Ces éléments ne doivent-ils pas nous conduire à la prudence, et à la réflexion avant de plébisciter le candidat porteur du projet de la gauche en 2017, ou de lancer un appel au « casting » de celle ou celui qui sera le plus apprécié par une majorité, d’un panel d’électeur non défini ?

Que faire ? Cette question nous concerne tous et c’est par un large débat que nous pourrions faire le choix de la réponse majoritaire.

L’urgence prioritaire est sans doute encore une fois, d’établir le projet et les mesures essentielles qui mobiliserons les électeurs.

Construire un projet de gauche n’a rien de novateur quant à la forme, mais sur le fond, il peut innover en prenant en compte notamment, quelques éléments importants de l’évolution de la crise du libéralisme financier. Certains ont révélé la réalité de la difficulté du dépassement du capitalisme. Les contraintes faites par la force du capital au peuple Grec, malgré un gouvernement favorable au changement, montrent bien qu’il nous faut prendre en compte où se situent les vrais pouvoirs. On mesure combien deviennent peu efficaces les divers concepts électoraux qualifiés de démocratiques.

Notre positionnement sur l’Europe de demain ne peut pas se résumer à la formule de l’Europe des Peuples.

Il nous faut crédibiliser politiquement, notamment sur la conception des services publics, le projet de l’Europe. Il nous faut repenser la Vème République. On ne peut pas laisser concevoir, que c’est une femme ou un homme Président de la République, qui va décider, avec ou sans son gouvernement, des choix de société.

Une exigence forte semble grandir parmi l’électorat. L’engagement des élus, la parole donnée, doivent être respectés. Donnons-nous les moyens législatifs pour garantir cela. Donnons-nous les moyens d’une démocratie élective conforme à la volonté du peuple.

Concernant le PCF il initie ses rendez-vous des « Lundis de la Gauche » en y invitant celles et ceux extérieurs à l’organisation qui souhaitent apporter leur contribution à la réflexion. Je trouve cette initiative très positive.

La tâche est noble et nous concerne toutes et tous. Réfléchissons ensemble comment on reconstruit durablement la Gauche. Le moment viendra, où nous aurons à confier le portage de ce projet imprégné de vrais changements à gauche. La loi nous y contraint. Le moment viendra aussi où nous devrons nous assurer que collectivement les élus de l’assemblée du peuple pourront  veiller à son application. La précipitation vers de fausses solutions pourrait à nouveau ouvrir de fausses portes.

C’est avec humilité bien sûr, que j’évoque cette réflexion, et que j’invite à la contredire. Inspiré des écrits d’Aragon dans Épilogue « Je ne dis pas cela pour démoraliser, il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher ».

Réflexions de Daniel Dexet

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le 18 February 2016

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