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LA FAMINE NE FAIT PAS RECETTE

Le 22 février, l’ONU lançait un appel de fonds d’urgence pour faire face à quatre situations simultanées de famine ou de pré-famine en Somalie, au Nigeria, au Soudan du Sud et au Yémen.

« Nous avons besoin de 4,4 milliards de dollars d’ici à la fin mars pour éviter une catastrophe », alertait le secrétaire général, Antonio Guterres. Le 10 mars, devant le Conseil de sécurité, son adjoint, déclarait que « vingt millions de personnes font face à la faim et à la famine ». Et il ajoutait : « Nous sommes confrontés à la plus grave crise humanitaire depuis la création de l’ONU. »

Un peu plus d’un mois après ce cri d’alarme, l’ONU a récolté à peine 21% de l’argent nécessaire, soit 984 millions de dollars, a déploré le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU.

Dans un mail adressé il y a quelques jours à ses donateurs, l’agence des Nations unies pour les réfugiés dressait ce constat à propos du Soudan du Sud, où 100 000 personnes sont officiellement recensées en état de famine : « Le HCR possède l’expertise et l’expérience pour agir à la hauteur des enjeux de cette crise. Mais il nous manque encore 93% des fonds nécessaires ». « Le risque d’un nombre de morts massif provoqué par la famine parmi les populations de la corne de l’Afrique, du Yémen et du Nigeria s’accroît », a prévenu un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, le 11 avril dernier. « La pénurie de financement est devenue si grave qu’une crise humanitaire qui aurait pu être évitée, peut-être pire que celle de 2011 en Somalie, est en train de devenir inévitable », a-t-il assuré.

« Les promesses sont aujourd’hui loin du compte », déplore le responsable des programmes de Handicap international pour l’Afrique de l’Est et du Sud. « C’est une situation sans précédent. Nous n’avons jamais été confrontés à la menace de quatre famines simultanées. À défaut de réaction immédiate de la communauté internationale, beaucoup de personnes mourront de faim, et d’autres, surtout des enfants, mourront de diarrhée, de pneumonie et du choléra », prévient-il. 

« Le risque de famine, dont l’alerte a été lancée depuis plusieurs mois, va croître tant que des solutions politiques n’auront pas été trouvées. Nous appelons à une mobilisation diplomatique et financière de la communauté internationale », a interpellé le directeur des opérations internationales de Médecins du monde.

L’argent ne réglera en effet pas tout. À l’exception de la famine en Somalie, liée à une sécheresse, les trois autres sont la conséquence des conflits en cours. L’absence de règlement politique, et donc de retour à la paix, empêche les humanitaires d’acheminer leur aide à ceux qui en ont besoin dans des conditions normales de sécurité.

La multiplication des crises (Syrie, Irak, migrants, bassin du lac Tchad, où sept millions d’habitants risquent de souffrir de la faim...), la lassitude des opinions publiques face à la répétition des appels catastrophiques, l’absence de relais médiatiques et la domination du court-terme dans les prises de décision font que, de l’avis de nombreux experts, une catastrophe évitable va éclater en plein cœur de l’été, lorsqu’il sera trop tard

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LA FAMINE NE FAIT PAS RECETTE

le 02 May 2017

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