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Avis à tous les lambescains

le 05 June 2015

Martigues. Jean Moulin, l’homme et le résistant

le 04 June 2015

Martigues. Jean Moulin, l’homme et le résistant

Histoire. Une exposition, visible à l’hôtel de ville de Martigues, montre ses diverses facettes.

« Au-dessus de nos divisions, il y a la France » : la phrase de Jean Moulin qui traduit la démarche de rassemblement du Conseil national de la Résistance figure en bonne place dans l’exposition proposée par l’Anacr (Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance), actuellement visible dans le hall de l’hôtel de ville de Martigues.

Dessins réalisés par lui-même, photos d’archives, repères et explications historiques présentent les diverses facettes de celui qui a refusé le déshonneur et l’humiliation de la défaite de juin 1940, là où d’autres « serviteurs de l'État » se sont mis au service du régime de Vichy.

Lors du vernissage qui s’est tenu mardi soir en présence des élu(e)s martégaux Odile Teyssier-Vaisse, Conseillère municipale déléguée à la culture de paix, et Florian Salazar-Martin, Adjoint à la culture, Marie-Thérèse Claverie, Présidente de l’Anacr 13 évoquait ce « fils d’un professeur d’histoire de Béziers » (quelle résonance avec aujourd’hui !) devenu chef de cabinet du Ministre de l’Air qui a « forgé ses convictions en 1936 ». Démis de ses fonctions de Préfet en novembre 1940, Jean Moulin, après avoir rejoint Londres sera parachuté en février 1942 près d’Eygalières, avec la mission, confiée par le Général De Gaulle, d’unifier les mouvements de résistance. L’exposition donne à voir la bergerie de la Lèque qui lui servit de « refuge » dans ces Alpilles comme la maison du Dr Dugoujon à Caluire, près de Lyon, où Jean Moulin et ses compagnons, victime d’une trahison furent arrêtés par la Gestapo. Visiblement émue, Marie-Thérèse Claverie a évoqué la torture et  « ces lèvres qui n’ont pas parlé ».

« Cette histoire nous concerne tous »

Quelques jours seulement après la journée nationale de la Résistance et ses multiples commémorations dans le département, Michel Caciotti, lui aussi, continue de porter le flambeau de cette mémoire. Résistant, ayant combattu jusqu’en Allemagne, il rappelait, « en tant qu’acteur de l’époque » la « nécessité de tirer les enseignements de cette période ».

« Cette histoire nous concerne tous », soulignait pour sa part Odile Teyssier-Vaisse, saluant en Jean Moulin, non seulement le résistant, mais aussi « un homme d’une étonnante modernité, amoureux de la vie, de l’art ». Cette modernité, l’élue martégale la voit aussi dans les valeurs portées par le CNR : « L'État, garant de l’intérêt général, la place des services publics, la Sécurité sociale. » Faut-il le rappeler, tout ceci n’est pas tombé du ciel.

Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 4 juin 2015)

Les usines réquisitionnées de Marseille 1944-1947

le 02 June 2015

Port-de-Bouc. Perpétuer l’esprit des « Jours heureux »

le 31 May 2015

Port-de-Bouc. Perpétuer l’esprit des « Jours heureux »

Le PCF, les élus et la CGT ont rendu hommage à la Résistance.

Dans le cadre de la journée nationale de la Résistance du 27 mai, la section locale du PCF organisait un hommage à la Résistance et à son rôle déterminant à la Libération ainsi que dans la reconstruction du pays. Tel était l’objectif de la proposition de loi déposée dès le 22 juillet 2009 par Michel Vaxès et son Groupe parlementaire, choisissant cette date en référence au 27 mai 1943, jour de la première réunion du Conseil national de la Résistance. Lors de cet hommage, le Maire Patricia Fernandez-Pédinielli et Serge Coutouris, représentant l’UL CGT, étaient aux côtés de Jean-Marc Fourneyron, Secrétaire de la section locale du PCF.

Unité et combativité

L’unité et combativité ont été les maîtres mots de la soirée : « Nous voulons rendre hommage à toute la Résistance. La victoire sur l’occupant a été possible grâce à une résistance unie, capable de jouer un rôle majeur dans la libération comme dans la construction d’une Europe démocratique, laïque et sociale. Il aura fallu beaucoup de sacrifices, depuis la défaite de 1940 et la trahison d’une part de ses élites, pour que la France relève la tête. Le programme du Conseil national de la Résistance de 1944 concrétise cette unité, donne un prolongement politique à l’insurrection et inspira les grandes réformes progressistes attaquées de toutes parts, depuis des décennies et aujourd’hui de manière accrue », déclarait Jean-Marc Fourneyron.

Et aujourd’hui ?

Les trois orateurs ont insisté sur la nécessité de « continuer à résister à une époque de crise, de montée des droites en Europe et de démantèlement des acquis du programme du CNR », selon les termes de Patricia Fernandez-Pédinielli. Pour Serge Coutouris, « le combat est plus sournois mais nous devons continuer à le mener, à résister à ceux qui prônent l’individualisme et la destruction des acquis du CNR ». Même conclusion pour Jean-Marc Fourneyron : « Notre commémoration ne doit pas être qu’un acte de souvenir. Elle doit être l’occasion de se poser deux questions : Et nous, qu’aurions-nous fait ? Et nous, que faisons-nous aujourd’hui pour que le sacrifice de l’ensemble des résistants, ne soit pas vain en cette époque où se développent l’obscurantisme, les intégrismes, l’antisémitisme, la haine de l’autre ; où le fascisme gagne du terrain en France et en Europe ; où nos acquis sociaux et démocratiques subissent des attaques sans précédent ? Il est urgent de retrouver l’esprit de 1945, l’esprit d’unité bien sûr mais aussi l’esprit des réformes progressistes. C’est le meilleur hommage que nous puissions rendre à nos camarades résistants morts pour que nous vivions libres. »

Lou Marti (La Marseillaise, le 31 mai 2015)

Histoire. Pour le pluralisme d’idées

le 28 May 2015

Histoire. Pour le pluralisme d’idées

PCF. Le « parti des fusillés » a dénoncé le fait qu’aucun résistant communiste n’entre au Panthéon. A Marseille, plusieurs rassemblements ont eu lieu dont un devant les locaux de la Marseillaise.

A Marseille, la fédération du PCF des Bouches-du-Rhône avait décidé d’organiser trois rassemblements dont un devant notre journal.

Il s’agissait de relayer la campagne nationale « Unis dans la résistance, unis pour la France » lancée par le parti pour dénoncer « l’ostracisme dont sont victimes les communistes dans le choix présidentiel » même si le PCF « rend hommage et trouve légitime » l’entrée au Panthéon de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay.

Les communistes estiment en effet que l’entrée en ce même jour d’un ou plusieurs résistants communistes auraient permis de bien  rappeler la diversité de la Résistance française et notamment l’engagement des communistes. Le Parti communiste, appelé « parti des fusillés », défendait l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian (et par là même des résistants de l’Affiche rouge), de Martha Desrumeaux et de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Une manière de rappeler les initiatives des communistes sous l’Occupation (Appel du 10 juillet 1940, création du Front national de libération, des FTPF, etc).

« Aujourd’hui le Président François Hollande stigmatise et oublie les communistes » a déploré dans son allocution Jean-Marc Coppola, élu municipal et régional PCF. « La fête est gâchée. Ce choix partial est une faute politique et est contraire aux valeurs de la République au moment où l’on parle d’unité après les événements de janvier ». Saluant les acquis issus du programme du Conseil national de la résistance (CNR), l’élu marseillais en a dénoncé le détricotage. « Il faut commettre des actes qui unissent les peuples comme ceux de l’esprit de 1945 et de ses réformes progressistes. Aujourd’hui, il faut retrouver la voix de l’unité pour résister aux attaques contre les acquis de la Libération ».

L’homme rendu devant les locaux de la Marseillaise est une nouvelle occasion de saluer la mémoire de trois résistants ayant contribué à sa création et sa diffusion : Jean de Bernardy, mort les armes à la main le 16 juin 1944 au maquis de Saint-Antonin sur Bayon et imprimeur de profession ; Léon Palanque tué à Pourrières le 19 août 1944 et Mala Kriegel, fusillée le 27 août 1944 par les Allemands alors qu’elle diffusaient la Marseillaise dans un Marseille en train de se libérer.

Francis Icard a lui été tué par une bombe lancée sur le siège de la Marseillaise alors qu’il gardait l’immeuble qui venait d’être pris au journal collabo Le Petit Marseillais.

Les deux autres rassemblements avaient lieu place Castellane où se sont tenus de violents combats pour la Libération de Marseille et à la Belle de Mai où se trouvait l’état-major des FTPF.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 28 mai 2015)

Hommage. Charles Nédélec, dirigeant ouvrier honoré

le 28 May 2015

Hommage. Charles Nédélec, dirigeant ouvrier honoré

Au cimetière du Canet, le PCF et la CGT ont rendu hommage à une figure de la Résistance marseillaise qui fut membre de la direction nationale des deux organisations.

Drapeaux rouge et tricolore au vent, cimetière du Canet à Marseille (14e). Hier les communistes et cégétistes des Bouches-du-Rhône fleurissaient la tombe de Charles Nédélec, figure de la Résistance, membre du Comité central du PCF et de la commission administrative de la CGT, mort le 4 mai 1944 « d'épuisement après avoir tant donné », rappelle Pierre Dharréville, Secrétaire départemental et membre du Conseil national du PCF.

Communiste et syndicaliste, il arrive en 1932 à Marseille où il s’emploie à réorganiser la CGT-U. En 1934, face au péril fasciste, il est l’un des artisans de l’immense manifestation lors de laquelle les cortèges des deux CGT se rejoignirent sur la Canebière, prélude à la réunification.

« Il a été de ceux qui ont permis la signature du pacte de l’unité d’action entre communistes et socialistes un mois avant sa conclusion à Paris », premier acte ouvrant la voie au Front populaire, insiste le dirigeant communiste. Charles Nédélec contribua également à la formation des brigades internationales qui portèrent secours à la République espagnole. Ce fut encore un anti-munichois résolu. Mobilisé en 1939 comme officier réserviste, il s’embarque à destination de la Côte- d’Ivoire, avant de revenir en France jouer en rôle de premier plan dans la Résistance.

« A l’automne 1943, Benoît Frachon entre au comité directeur du Conseil national de la Résistance et c’est Charles Nédélec qui le représente », indique Pierre Dharréville qui témoigne : « lorsque je me rends à Paris au siège du PCF, je vois son nom sur la plaque dans l’entrée honorant les 8 membres du comité central, morts pour que vive la France ». Saluant l’engagement des militants du « parti des fusillés », il juge que dans la photographie de l’entrée hier au Panthéon de quatre grands de la Résistance, « il y a quelque chose de retouché ». Aucun communiste n’y figure en effet.

« Cet hommage n’est pas à la hauteur de l’Histoire, de l’enjeu. Ce choix n’est pas digne. Nous, nous ne faisons pas de tri, nous commémorons toute la Résistance tous les résistants » martèle-t-il après avoir participé un peu plus tôt dans la journée à l’hommage rendu à Pierre Brossolette.

Pierre Dharréville dénonce le détricotage du modèle de société issu du CNR et appelle à être fidèle à son esprit en se donnant comme objectif : « unir, rassembler sur de grandes perspectives d’émancipation, de libération, de vivre-ensemble et de vivre-mieux ».

« Le monde du travail imposa la paix »

Après lui, au nom de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône Hélène Honde rend également hommage à Charles Nédélec dont il fut Secrétaire général et qui a donné son nom à la rue qui longe la bourse du travail. « Il ne mourut pas pour rien », lance-t-elle en rappelant la grève insurrectionnelle lancée par la CGT qui sonna le début de la Libération de Marseille.

« Le monde du travail uni et victorieux imposa la paix et le renouveau économique et social aux capitalistes et aux fanatiques de la guerre », souligne la dirigeante syndicale. Elle se veut vigilante aujourd’hui. « Comme à d’autres périodes de son histoire, Marseille doit faire front au racisme, à la misère, au chômage et à la précarité. Le combat pour les libertés est indissociable des progrès économiques, sociaux et politiques », affirme-t-elle depuis ce secteur de Marseille conquis par le FN en 2014.

Rendant hommage à l’ensemble des résistants, Hélène Honde conclut : « modestement nous voulons être leurs héritiers ».

Léo Purguette (La Marseillaise, le 28 mai 2015)

Histoire. Des héros très différents

le 28 May 2015

Histoire. Des héros très différents

Bio. Germaine Tillion pour l’égalité, Geneviève de Gaulle-Anthonioz pour la fraternité, Pierre Brossolette pour la liberté et Jean Zay pour la laïcité : derrière les symboles, des femmes et des hommes.

Bio express de parcours singuliers.

Germaine Tillion. « Ce fut pour moi un choc si violent que j’ai dû sortir de la pièce pour vomir… » Ainsi dans La traversée du mal Germaine Tillion écrit-elle sa réaction au « aujourd’hui je vous dis il faut cesser de combattre » du Maréchal Pétain. La jeune ethnologue qui rentre à peine de sa deuxième mission en Algérie refuse d’emblée la collaboration et va participer à la création du réseau Musée de l’homme. Catholique et auto-qualifiée de « vieille gaullienne » quelques années plus tard, Germaine Tillion sera dénoncée par un vicaire et déportée au camp de femmes  de Ravensbrück.

Geneviève De Gaulle-Anthonioz. Même réaction au même discours : la jeune étudiante en histoire refuse la défaite imposée par Pétain et s’embarque dans l’aventure proposée, dès le lendemain, de Londres par son oncle, pour une France libre. Elle rejoint le groupe du Musée de l’homme, plonge en résistance et sera arrêtée en juillet 1943 et déportée, elle aussi à Ravensbrück. Son nom est indissociable d’ATD Quart Monde qu’elle a présidé de nombreuses années. Faisant un lien entre lutte contre le nazisme et contre la misère, elle affirme « Il y aura toujours des gens pour s’accommoder, mais d’autres aussi pour refuser ».

Pierre Brossolette. Comme les deux précédentes, Pierre Brossolette est, lui aussi, passé par le réseau Musée de l’homme avant de multiplier les aller-retour vers Londres et les missions en France occupée. Présenté comme un intellectuel brillant, il prend plusieurs fois la plume et le micro au nom de la Résistance, mettant en lumière  les « soutiers de la gloire » : les combattants de l’ombre. Ayant adhéré à la SFIO en 1929, il soutiendra cependant De Gaulle sans réserve mais s’opposera à Jean Moulin notamment sur les suites politiques à imaginer pour l’après-guerre. Arrêté sur dénonciation, il est torturé par la Gestapo avant de se suicider, sans avoir parlé.

Jean Zay. La scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans, c’est lui; l’éducation physique à l’école, aussi ; l’interdiction du port d’insignes politiques et religieux dans les établissements scolaires, idem. Figure précoce et intransigeante, Jean Zay concentre les critiques antisémites, antiparlementaristes et antirépublicaines. Ministre de l’Éducation nationale du Front populaire, il démissionne pour intégrer l’armée. Arrêté dès 1940, il est condamné pour désertion, croupit quatre ans en prison avant d’être exécuté  par des miliciens en 1944.

La Marseillaise, le 28 mai 2015

Robert Mencherini. « Satisfait mais frustré »

L’historien Robert Mencherini est revenu sur l’entrée des quatre résistants au Panthéon.

La Marseillaise. Quel est votre point de vue sur les quatre nouveaux entrants du Panthéon ?

Robert Mencherini. C’est une initiative importante car cela permet de mettre en valeur la résistance. Il y a une tendance générale à la sous-estimer, alors que des gens se sont battus face à Vichy et à l’occupant. Ce qui est intéressant c’est que les quatre résistants qui entrent au Panthéon représentent chacun un type bien précis.

La Marseillaise. Plusieurs acteurs, comme le PCF, soulignent néanmoins l’absence de résistants communistes…

Robert Mencherini. Cette critique est juste. Les communistes étaient dans les courants principaux et parmi les plus actifs. Malheureusement, comme pour toute commémoration, il y a des oublis. Globalement, la mémoire dépend de la situation actuelle. Le PCF n’a plus la même place qu’auparavant. Cela peut expliquer l’absence de résistants communistes au Panthéon.

La Marseillaise. Quelle serait la solution pour pallier à cet oubli ?

Robert Mencherini. Les commémorations nationales sont importantes car elles permettent de réunir et entretenir la mémoire de tous. C’est pourquoi je suis satisfait de l’entrée des quatre résistants au Panthéon. Néanmoins je suis assez frustré parce que ça ne dit pas la complexité de la résistance. Je crains aussi un effet feu de paille et que demain on n’en parle plus. Ce qui me semble nécessaire c’est la commémoration locale. À Marseille par exemple, une plaque devrait être posée au Fort Saint-Nicolas pour rappeler que Jean Zay y avait été incarcéré de décembre 1940 à janvier 1941. Il faut donc multiplier les mémoriaux locaux ainsi que les initiatives de commémoration.

La Marseillaise. La parité homme-femme entre les quatre nouveaux entrants a également été saluée. Sont-elles suffisamment reconnues ?

Robert Mencherini. La reconnaissance de leur participation active et armée à la résistance est malheureusement assez récente. Elles ont pourtant eu une place centrale. Ce sont elles qui ont lancé la grande manifestation de mai 1944 à Marseille, ce qui était courageux car les allemands étaient en face. Leur participation armée mais aussi dans le ravitaillement a été cruciale.

Propos recueillis par Thomas Carratu (La Marseillaise, le 28 mai 2015)

Pour qui ce brouillard au Panthéon ?

le 28 May 2015

Pour qui ce brouillard au Panthéon ?

Allons, c’était digne. L’entrée de quatre héros de la Résistance au Panthéon n’a pas été flétrie par la pompe et, entourée par des jeunes lycéens, elle prolongeait des engagements courageux vers l’avenir.

François Hollande voulait faire de son discours un chef-d’œuvre ; ce fut un exercice convenable qu’on sentait pourtant parcouru d’une fissure. Que retrouver en effet de la République sociale et de l’essor de la culture pour lesquels combattait Jean Zay dans la politique docile et libérale des gouvernants d’aujourd’hui ? Où trouver l’attention aux pauvres d’une Geneviève de Gaulle-Anthonioz ? Quelle trace de la passion intraitable de Germaine Tillion pour la liberté et l’altérité ? Quelle place pour leur attachement sourcilleux à l’indépendance nationale dans le grand large de la fraternité ? Le verbe présidentiel était semblable « à ces cratères où les volcans ne viennent plus, où l’herbe jaunit sur sa tige ».

Le chef de l’État a choisi des personnalités à honorer en excluant un pan essentiel de la Résistance, celui des communistes, et tombait donc à plat son envolée sur « l’histoire quand elle devient partagée » : il venait de la diviser. Le Panthéon ne peut être traité comme une salle à places réservées, où ni la classe ouvrière, qui paya le plus lourd tribut à la Résistance, ni les immigrés, dont l’héroïsme est devenu légendaire, ne sont admis. C’est la condition pour que des destins donnent « à la patrie une destinée ». Nicolas Sarkozy l’avait hélas mieux compris qui avait mis en valeur la figure de Guy Môquet pour tenter de la manipuler.

À qui ce brouillard est-il nécessaire ? Pourquoi remodeler l’épopée de l’armée des ombres pour en biffer la trace de ceux qui portèrent le plus haut l’espérance que les sacrifices sous l’Occupation ouvrent une nouvelle ère de progrès pour tous ? Peut-être parce que, comme l’écrivait Victor Hugo, « dans connaître, il y a naître », et que certains craignent toujours l’avènement « des jours heureux » programmés par le Conseil national de la Résistance.

Patrick Apel-Muller (L'Humanité, le 28 mai 2015)

Hommage. La Résistance en commun

le 27 May 2015

Hommage. La Résistance en commun

À l’occasion de la journée nationale de la Résistance, le PCF multiplie les commémorations locales et demande que toutes les composantes du CNR soient honorées.

Une multitude d’hommages à l’initiative ou en présence des militants communistes du département auront lieu aujourd’hui pour la journée nationale de la Résistance. Objectif : commémorer la Résistance dans toutes ses composantes et réaffirmer l’actualité des principes du programme du Conseil National de la Résistance. Dans un tract diffusé dans toutes les Bouches-du-Rhône, les communistes rappellent le titre de ce programme auquel ils ont considérablement contribué : « Les jours heureux » et dénoncent le choix de François Hollande, écartant de fait, des résistants communistes de premier plan de la liste des personnalités panthéonisées aujourd’hui.

Actualité du programme du CNR

Trois cérémonies auront lieu ce soir à Marseille à 18h30. La première cours d’Estienne d’Orves, Jean-Marc Coppola, élu de la Ville y prendra la parole devant le siège de La Marseillaise, arraché aux collaborationnistes par la résistance. « Cette journée dont l’instauration a été portée à l’Assemblée nationale par Michel Vaxès, alors Député communiste des Bouches-du-Rhône, est l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont combattu l’occupant et contribué à libérer la France », résume-t-il en regrettant la « faute » commise par François Hollande à l’encontre les communistes « pourtant premiers et plus actifs combattants ». Il souhaite notamment l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de ses camarades de l’affiche rouge.

La deuxième cérémonie se tiendra place Castellane, avec Isabelle Pasquet, ex-Sénatrice et élue des 4-5. « Les résistants d’où qu’ils viennent méritent notre mémoire. Ils ont contribué à chasser l’Occupant, à vaincre le nazisme et libérer le pays », insiste-t-elle avant de rappeler le rôle des femmes et notamment des militantes communistes dans la Résistance. « Je pense à Martha Desrumeaux mais aussi à Marie-Claude Vaillant-Couturier qui a témoigné au procès de Nuremberg », précise-t-elle. Simultanément, une troisième cérémonie se déroulera place Cadenat en présence de Michel Caciotti, résistant communiste. « J’ai été cité à l’ordre de la croix de guerre pour avoir participé à libérer cette place de l’occupant », témoigne-t-il.

Plus tôt dans la journée auront lieu d’autres hommages. Dans le 8e arrondissement, plaque commémorative, 129, rue du Rouet. Dans le 9e arrondissement : à 9h30 à la stèle du vallon de Lum, route de Morgiou, à 10h30 au monument aux FTPF morts au combat de Sainte Marguerite, à 11h30 place Robespierre. Dans le 12e arrondissement, à 11h45 une gerbe sera déposée en présence d’anciens résistants : Juliette Giraudi, Jeanine Steddadu, Marcel Fieux et Gilbert Ouvrard, devant la stelle de Jean Compadieu résistant mort en déportation, place Estonie, Bois-Lemaître. Dans le 14e, à 16h30 devant la tombe de Charles Nédélec, résistant, dirigeant national de la CGT et du PCF, au cimetière du Canet.

Dans le reste du département, on note des cérémonies à Aix, 18h30 place des Martyrs de la Résistance ; à Aubagne, 17h30, monument aux morts ; à Berre, 18h 8, cours Mirabeau ; à Gignac, 18h30 rue de la République ; à Gardanne 18h30 avenue Charles-Pauriol ; à Peypin, au monument aux Maquisards de Valdonne ; à Septèmes, 18h30 école Robert Giudicelli et Henri Tranchier ; mais aussi à Martigues et Châteauneuf-les-Martigues.

La Marseillaise, le 27 mai 2015

Rassemblements à Martigues et Châteauneuf

En cette année de 70e anniversaire de la victoire sur le nazisme, le Président de la République a décidé de faire entrer au panthéon quatre héros et martyrs de la Résistance : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay.

Plusieurs documentaires ou fictions diffusés ces derniers jours sur différentes chaînes de télévision permettent de les redécouvrir. Seules les deux premières, aujourd’hui disparues, avaient survécu à la guerre, Germaine Tillion qui a fait l’objet d’une remarquable pièce de théâtre, devenant ethnologue et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Présidente d’ATD Quart monde. « Le Parti communiste tient à leur rendre hommage et trouve légitime leur entrée au panthéon. Il regrette cependant l’ostracisme dont sont victimes les communistes dans le choix présidentiel », souligne la section locale du PCF. Les communistes de Martigues et de Châteauneuf-les-Martigues entendent donc réparer « l’oubli » Présidentiel à l’occasion de cette journée nationale. À Martigues, un rassemblement aura lieu ce soir à 18h au Monument aux morts de la guerre de 1939-45. Dans cette ville où bon nombre des « martyrs du Fenouillet » (un groupe de résistants dénoncés et fusillés le 13 juin 1944 dans cette clairière près de La Roque d’Anthéron) étaient membres du PCF, cette initiative sera lourde de sens. Par ailleurs, la Ville mène un important travail de mémoire sur cette période auprès des scolaires.

La prochaine initiative se tiendra le 4 juin, à la Galerie de l’histoire où seront présentés une exposition de documents sur Martigues et la Seconde Guerre mondiale ainsi qu’un atelier de réflexion sur le thème « Résistance  et engagement ». À Châteauneuf-les-Martigues, également, le PCF appelle à se rassembler, à 12h30 tout d’abord devant la stèle de Total où auront lieu un dépôt de gerbes et une allocution, puis à 18h devant le Monument aux Morts pour un dépôt de gerbe, une lecture de poèmes et un discours afin de « rendre hommage aux résistantes et résistants qui ont combattu pour des jours heureux ».

La Marseillaise, le 27 mai 2015

15e arr. de Marseille. Commémoration de la Résistance

le 26 May 2015

Place Goudard
Saint-Louis
13015 - Marseille

Mercredi 27 mai à 10h30

Hommage des communistes aux resistants du 15ème arr. morts pour la France.