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MOYEN ORIENT > la poudrière

Le Moyen-Orient connaît une tragédie humaine et politique. Celle-ci conjugue des éléments de longue durée provoquant un engrenage de violence dont les solutions d’avenir peinent à émerger.

La décolonisation n’a pas été suivie par un processus de construction de l’État et s’est accompagnée d’une inadéquation entre l’État territorial et les espaces post-impériaux ou coloniaux alimentant des tensions. Pour y faire face, des régimes autoritaires stabilisateurs se sont installés afin de juguler les mouvements populaires. De plus toutes les promesses de développement se sont progressivement enlisées. Enfin, les puissances occidentales, pour s’emparer des richesses régionales, ont soutenu ces dictatures et entretenu des conflits qui ont assommé ces sociétés.

Après avoir été au cœur des relations internationales dès l’après-guerre, le Moyen-Orient n’exerce plus la même attractivité. La fin de la Guerre Froide a mis un terme aux affiliations obligées engendrant une autonomie croissante des États ainsi qu’une atomisation du jeu régional.

La substance des conflits s’en est trouvée modifiée opposant moins les États entre eux que les États à des lambeaux de sociétés.

La solidité apparente du monde arabe a volé en éclat dans les années 90, permettant au néolibéralisme et à l’islamisme de laminer les forces progressistes.

Le conflit israélo-palestinien a été structurant pour la région de 1950 à 1970. Le retour de la droite extrême au pouvoir a amplifié le caractère religieux et identitaire du projet sioniste. Les lois discriminatoires se sont multipliées aboutissant au texte d’apartheid qui proclame qu’Israël est l’État nation du peuple juif.

Le déplacement de l’épicentre de la conflictualité dans le Golfe marginalise aujourd’hui la question palestinienne favorisant la colonisation d’autant que l’Autorité palestinienne est durablement affaiblie. Pour autant, Israël est, du fait de sa politique, confronté à une crise profonde.

Ces différents facteurs ont provoqué une véritable implosion du Moyen-Orient.

Mouvements populaires et engrenage de violences

Les printemps arabes de 2011 ont révélé la vitalité et les attentes des sociétés rejetant l’incapacité des États et leur violence tout en exigeant des réformes démocratiques.

Ces mouvements ont suscité chez les dirigeants arabes un brusque retour de l’autoritarisme. En Égypte, la répression a suspendu le temps politique n’atténuant pas la colère populaire. En Turquie, R.T. Erdogan multiplie les purges, les arrestations et la guerre à outrance contre les Kurdes. Ce régime de terreur a plongé le pays au bord du gouffre économique tandis que son expansionnisme enracine au nord de la Syrie de véritables « djihadistans ». Dans ce contexte, la résistance du HDP, seule force progressiste et pacifiste, constitue un point d’appui pour les luttes à venir.

On ne dira jamais assez combien l’intervention américaine en Irak a eu des effets déstabilisateurs sur la région. En dépit de la victoire de la coalition contre Daesh et l’esquisse de reconstruction de l’État irakien, la violence demeure tandis que la situation économique s’avère catastrophique. Des mouvements sociaux secouent le pays et ont permis à la coalition conduite par Moqtada al-Sadr et les communistes d’arriver en tête du scrutin législatif.

En Syrie, le régime sanguinaire de Bachar al-Assad, avec l’appui des Russes et des Iraniens, est en voie de remporter le conflit. Pour autant, sa résolution pacifique est loin d’être acquise.

Les Occidentaux, marginalisés sont réduits à miser sur la faillite diplomatique russe ou conduisent des expéditions punitives illégales sans lendemain.

La Syrie est désormais divisée en trois zones d’influence entre le régime de Damas, les Turcs et une présence américaine au Rojava. Mais la Syrie de l’après Daesh devient le terrain d’affrontement des rivalités régionales comme en témoignent les bombardements israéliens qui font craindre un embrasement et place aussi la question kurde dans une position périphérique.

Ces guerres façonnent un nouveau paysage régional éclipsant l’Égypte, l’Irak et la Syrie tandis que les États du Golfe prospèrent et tentent de tirer parti des États fragilisés. L’Arabie Saoudite occupe une position dominante poursuivant une politique confessionnelle, hégémonique et mortifère au Yémen.

Le Moyen-Orient est devenu une poudrière concentrant 40% des armes vendues dans le monde.

Elles proviennent des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne et d’Allemagne favorisant l’internationalisation des conflits et la souffrance humaine.

L’Arabie Saoudite et Israël affirment ensemble désormais que l’Iran est pour eux une menace existentielle dans le sillage de D. Trump qui transfère l’ambassade américaine à Jérusalem et rompt l’accord de Vienne sur le nucléaire. D. Trump fait le pari que les difficultés de Téhéran à maintenir l’ordre islamiste permettront un changement de régime. Rien n’est moins sûr d’autant que l’Iran ne renonce pas à sa politique milicienne qui contribue elle aussi à la fragmentation des sociétés.

Cette politique peut conduire à une déflagration qu’attise la perspective de constitution d’un OTAN arabe.

 

Dans ce contexte le PCF appelle à des mobilisations de solidarité les plus larges possible pour atténuer les tensions et ouvrir une perspective de paix

 

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