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5e arr. de Marseille. "Entre les Mains des Kurdes"

le 14 mars 2016

Jacques Pradel. « Une volonté de complaire aux nostalgiques du système colonial »

le 14 mars 2016

Jacques Pradel. « Une volonté de complaire aux nostalgiques du système colonial »

Le Président de l’Association nationale des pieds-noirs progressistes réagit au refus de Christian Estrosi de commémorer le 19 mars.

Le Président de Région (LR) a annoncé son refus de participer aux cérémonies de la journée nationale du souvenir commémorant les accords d’Évian qui marquent la fin de la guerre d’Algérie. Jacques Pradel, Président de l’association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis, livre son sentiment à « La Marseillaise ».

La Marseillaise. Êtes-vous surpris par cette prise de position ?

Jacques Pradel. À vrai dire non, quand on connaît le passé de Christian Estrosi, on sait qu’il a toujours été dans la volonté de complaire aux groupes nostalgiques du système colonial en se situant à ce point de rencontre entre la droite et l’extrême-droite. La question est plutôt « pourquoi le fait-il aujourd’hui ? » en contradiction avec tous ces engagements d’entre-deux tours des Régionales.

La Marseillaise. Christian Estrosi invoque les violences qui ont suivi le 19 mars 1962 pour justixfier son refus de participer aux commémorations, est-ce pour vous un motif légitime ?

Jacques Pradel. Le 19 mars 1962, c’est le lendemain du 18, date de la signature des accords entre la France et le FLN. C’est incontestable et dans la mémoire collective, c’est la fin de la guerre d’Algérie. De plus, le 19 mars a été consacré journée nationale en 2012 par une loi votée par le Parlement français. Oui, il est vrai qu’après le cessez-le-feu, des violences, des massacres de populations ont eu lieu. Je n’oublie pas que c’est d’abord parce que l’OAS a déchaîné sa folie meurtrière. C’est en ce sens que je trouve particulièrement indécent qu’aujourd’hui ce soit justement des nostalgiques du passé colonial et l’extrême-droite qui utilisent les violences d’après le 19 mars 1962 pour contester la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie à cette date.

La Marseillaise. En quoi est-il important pour vous de commémorer les accords d’Évian ?

Jacques Pradel. Le 5 décembre avait un temps été mis en avant par Jacques Chirac pour contourner la contestation. Mais cette date ne correspond à rien pour la guerre d’Algérie et ce débat est derrière nous. Nous pensons, à l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis qu’il est important de marquer cette date anniversaire. Nous le faisons aux côtés d’autres forces progressistes, d’associations d’Algériens vivant en France ou de Français d’ascendance algérienne car la cause essentielle que nous défendons est un rapprochement de nos deux peuples. Il est important de se réunir. Nous partageons cette vision de notre histoire commune pour pouvoir tisser des liens d’amitié et de fraternité.

Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 14 mars 2016)

Mémoire. Les lycées de jeunes filles

le 13 mars 2016

Mémoire. Les lycées de jeunes filles

Les lycées de garçons ont été créés en 1802. Il faudra attendre 1880 pour qu’une loi –la loi Sée– instaure des lycées de filles, mais les niveaux d’études sont très différents.

« Bien entendu, les programmes ne sont pas les mêmes que pour les garçons et les travaux d’aiguilles, les cours d’hygiène et d’économie domestique, sans oublier la morale, occupent une grande partie de la formation des futures ménagères »(1).

La scolarité secondaire des jeunes filles dure cinq ans. En fin de 3ième année, il est prévu le Certificat d’études secondaires et en fin de 5ième année, le Diplôme d’études secondaires. Celles qui le souhaitent peuvent se présenter au Brevet supérieur qui permet de devenir institutrice ou d’entrer dans une administration.

La loi Sée prévoit un enseignement spécial pour les filles. « Parce que l’enseignement est destiné à des jeunes filles, ne sont prises en considération que les disciplines estimées “utiles” en fonction de postulats non exprimés. La philosophie ne leur sera pas enseignée, tant on craint de former des “femmes savantes”. La tradition qui voulait donner aux filles un enseignement surtout littéraire s’impose : comme dès la fin de la monarchie de Juillet dans les bons pensionnats, on leur fait étudier la langue française et une langue vivante au moins, la littérature française, les littératures classiques d’après les traductions, et les littératures “modernes”, entendons étrangères. Il convient d’y ajouter l’histoire, la géographie, l’arithmétique, quelques éléments de géométrie, l’histoire naturelle et la physique, sans compter le des- sin, très peu de gymnastique et les travaux d’aiguille »(2).

Les garçons bénéficient d’une sixième année de lycée, l’équivalent de la première, à la fin de laquelle ils présentent la première partie du baccalauréat et d’une septième année, équivalant de la terminale, qui débouche sur la seconde partie du baccalauréat.

Ces sept années se retrouvent actuellement dans l’enseignement secondaire, entre collège et lycée, de la 6ième à la terminale.

En 1882, une matière est ajoutée au programme des lycées de filles : l’enseignement des « travaux d’aiguilles ». L’initiation des filles aux travaux d’aiguilles va devenir une constante. « Les éducateurs ont toujours développé ce point comme nécessaire à la formation de la femme. L’ordonnance de 1836 fait des travaux d’aiguille un élément de l’instruction primaire féminine »(3).

Il sera prévu jusqu’à 3 heures hebdomadaires de couture, tricot et broderie. Pour faire admettre les travaux d’aiguille, on ajoutera le travail manuel au programme des garçons.

Dans les lycées féminins, le latin, le grec et la philosophie restent interdits. Ces matières, indispensables pour présenter le baccalauréat, ne sont pas enseignées. C’est le moyen de fermer aux jeunes filles les portes des universités.

Le républicain Jules Simon justifie l’absence de philosophie : « Si elles mordent à la philosophie, elles y gagneront que la folie les étreindra à bref délai ou qu’elles deviendront athées : il faut des cerveaux d’hommes mûrs pour se livrer fructueusement aux études philosophiques »(1).

Tout a été pensé quant au contenu de l’enseignement destiné aux filles. « Les plus grandes précautions ont été prises pour qu’il ne puisse se confondre avec l’enseignement masculin, par sa nature même. Cet enseignement des humanités qui fait l’orgueil des lycées, dont on vante le “désintéressement”, apparaît en effet dangereux pour les femmes. Il risquerait de les détourner de leur mission première, définie par tous comme le mariage et la maternité. Les humanités qui font l’“honnête homme”, possèderaient la propriété de transformer les jeunes filles qui s’y adonneraient en pédantes.

La droite affecte de craindre l’apparition de femmes “déclassées” et sans mœurs, à l’exemple des nihilistes russes ; les républicains modérés désapprouvent aussi trop d’instruction, et surtout une instruction qui pourrait mener aux études supérieures, aux professions libérales. La fraîcheur, la candeur, l’innocence, apanages de la jeune fille, seraient, à les en croire, mises en péril par trop de mathématiques ou l’apprentissage du latin »(3).

Les diplômes préparés dans les lycées de filles ne donnent pas accès à l’Université.

C’est là un choix des législateurs : empêcher les femmes d’accéder à certaines professions et aux postes les plus élevés dans les hiérarchies. Celles qui désirent poursuivre des études doivent prendre des cours particuliers.

En 1861, Julie Daubié, une institutrice, présente avec succès les épreuves du baccalauréat littéraire qu’elle a préparé seule. La première bachelière sera une exception : les autres ont dû suivre des cours particuliers. Entre 1861 et 1873, 15 filles sont admises au bac. Elles seront une centaine en 1900, sur 7.000 bacheliers.

La contestation de ce système ségrégatif prendra de l’ampleur avec la guerre de 1914-1918. Durant le conflit, les femmes ont été appelées à remplacer les hommes, même aux postes de responsabilités.

Ce n’est qu’à partir de 1924 que la réforme du Ministre Léon Bérard ouvre les portes du baccalauréat aux jeunes filles. La nouvelle loi instaure des études secondaires de 7 ans pour tous, garçons et filles, avec des programmes identiques. Ce qui permettra aux filles de présenter l’examen, lorsqu’elles le pourront, car la mise en application du texte sera lente : il faut trouver les locaux, les crédits et les enseignants. La loi de 1924 a uniformisé l’enseignement secondaire pour filles et garçons, même si les établissements ne sont pas encore mixtes. La mixité n’interviendra que dans les années 1960.

Récit Raymond Bizot (La Marseillaise, le 13 mars 2016)

(1) A. Carbonnel, M. Toulet, J-M Lecat, La longue marche des femmes, 2008
(2) G. Duby, M. Perrot, Histoire des femmes en Occident, t.4, 1991
(3) L.-H. Parias, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, t.3, 1981

Courrier de "Résister Aujourd'hui" à ses sympathisants

le 11 mars 2016

Courrier de

Gardanne. L’anarchisme, histoire, idées, actualité

le 08 mars 2016

Jean Domenichino. Les communistes des Bouches-du-Rhône en Front populaire

le 03 mars 2016

Jean Domenichino. Les communistes des Bouches-du-Rhône en Front populaire

Un hommage à Pascal Posado

le 03 mars 2016

Un hommage à Pascal Posado

Demain, Pascal Posado, ce militant ouvrier qui a traversé plus d’un demi-siècle de l’histoire du Marseille Populaire, fêtera ses 91 printemps. Une occasion de plus, si besoin en était de rendre hommage à ce fils d’émigrés espagnols « économiques » qui, toute sa vie a eu la passion du Marseille populaire, avec lequel se confond sa propre existence. Du jeune syndicaliste et résistant au sein de la Sncase, (société aéronautique du Sud-Est) au Conseiller municipal et Député communiste des 15/16 qui s’est acharné à combler le fossé entre les quartiers Nord et le reste de la ville. Compagnon de François Billoux, Guy Hermier et de tant d’autres figures qui partagèrent ses idées et ses combats.

« Mémoires vivantes » invite donc autour de Pascal Posado, toutes celles et ceux qui partagent sa passion du Marseille populaire, à lui rendre hommage et à assister, jeudi 3 mars à la projection de son film au cinéma l’Alhambra, 2, rue du Cinéma Marseille 16e à 18h.

La Marseillaise, le 2 mars 2016

Épuration. De l’enfermement des collabos à la Libération

le 22 février 2016

Épuration. De l’enfermement des collabos à la Libération

À la fin de la guerre, 25.000 personnes ont été internées dans les 16 centres de séjour surveillé de la région. Un chercheur a étudié ces lieux effacés de la mémoire. L’angle mort de la Libération.

L’histoire des camps de la Libération créés par le ministère de l’Intérieur pour y interner les collaborateurs et les personnes suspectées d’intelligence avec l’ennemi, n’avait jamais été complètement étudiée.

Dans un livre passionnant, Incarcérer les collaborateurs, centré sur les 16 centres de séjour surveillé (CSS) de la région de Marseille, Laurent Duguet, chercheur associé au centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de l’université Paul-Valéry Montpellier, raconte l’organisation de ces camps, de leur implantation à leur dissolution fin 1945. Son ouvrage fouillé nous donne à voir le fonctionnement durant 17 mois de « ces camps éphémères qui n’étaient destinés à durer que le temps de traduire les suspects devant les cours de justice et les tribunaux militaires ».

« Au début, tout le monde arrête tout le monde »

Le lecteur pénètre de plain-pied dans la paillasse du centre de Gap le premier à ouvrir en août 1944, des baraquements de Sorgues, Saint-Mitre près d’Aix, Arles, Bandol et Reillanne. Il entre dans la forteresse de Saint-Vincent-les-Forts où l’on croisera l’écrivain Jean Giono. En Paca, 25.000 personnes, y ont transité, du vrai collaborateur au misérable dénoncé par un voisin. Durée moyenne d’internement : trois mois. La collaboration a été active dans le Sud de la France soumis à deux occupations, italienne et allemande. « Le nombre de personnes suspectes arrêtées est assez considérable à la Libération. Au début, l’armée, les gendarmes, les FTP, les FFI, le voisin, tout le monde arrête tout le monde », explique Laurent Duguet qui a interrogé l’ancien commissaire régional de la République à Marseille, Raymond Aubrac (décédé en 2012) et qui avait signé le 6 novembre 1944 un arrêté pour désengorger les prisons remplies de suspects. « On est surpris en lisant les rapports des préfectures qui se retrouvent avec un nombre incalculable de suspects dans les maisons d’arrêt mêlés aux détenus de droit commun. C’est un chaos que les Préfets tentent d’organiser le moins mal possible. »

Un sujet tabou ? « C’est intéressant de voir que ces camps ont complètement disparu de la mémoire collective. Le camp de Sorgues est aujourd’hui aménagé en maisons. Les habitants ignoraient qu’ils logeaient dans un ancien camp d’internement », note Laurent Duguet qui a comptabilisé, classé les populations jetées dans ce « déversoir des rancœurs masqués » mais qui fut aussi le refuge pour les personnes arrachées des prisons clandestines, sauvée d’une exécution sommaire. « Ils permirent que l’épuration sauvage des débuts ne prennent une tournure encore plus dramatique », dit-il.

« Les personnes arrêtées et internées dans les CSS ne doivent être l’objet d’aucune brimade ni de mauvais traitements. Il n’appartient pas au personnel de chercher à savoir si elles sont coupables ou non, ni d’apprécier le niveau de leur culpabilité », rappelait une directive. Car les CSS n’échappent pas aux trafics, dérives et bavures. « Ce qui m’intéressait, c’est de travailler sur les différents strates de populations, de nationalités détenues dans ces camps car on est loin du profil type du milicien », explique Laurent Duguet. « On y trouve des Italiens que l’on veut sauver de la vindicte populaire, des civils allemands laissés par l’armée américaine, des Alsaciens-Lorrains. Ce n’est qu’à la fin quand les commissions de tri et de vérification ont libéré ceux qui étaient détenus pour rien qu’on arrive enfin au gratin de la collaboration, ceux qui avaient fui en Suisse dans le sillon de Pétain et qu’on arrête en Italie, les SOL (Service d’ordre légionnaire de Darnand), les miliciens, les Waffens SS français de la division Charlemagne qu’on retrouve beaucoup dans le camp de Sorgues. »

Les camps, une tradition française

À Marseille, le centre qui ouvre en janvier 1945 dans la prison de la rue Saint-Pierre (siège depuis 1994 de l’AP-HM), là où la Gestapo enfermait juifs et résistants, se retrouve aussitôt avec 711 internés. « On y trouve des femmes en proportion importante, des Françaises arrêtées pour collaboration horizontale mais aussi des civiles allemandes et italiennes avec des enfants en bas-âge. Certaines sont là aussi sans reproche spécifique, juste laissées par l’armée US. On trouve aussi 209 mineurs allemands âgés de 14 à 18 ans. » L’auteur dresse le portrait des directeurs des centres, le plus souvent d’anciens résistants respectueux des droits, et parfois d’anciens geôliers de Vichy qui ont repris du service. Comme l’ancien chef de camp de tsiganes de Saliers, mis en place en 1942 par Pétain, qui est requis pour diriger le centre de Saint-Pierre…

On ne peut s’empêcher à sa lecture d’y voir un parallèle avec l’actualité. « J’ai trouvé délirant le discours de Laurent Wauquiez réclamant l’ouverture de camp d’internement pour terroristes », reconnaît l’auteur. « À la Libération, on est vraiment dans un vrai état de guerre quand on créé ces camps que l’on veut provisoire car l’obsession c’est le rétablissement de la légalité républicaine. Or le discours en- tendu est inverse. Il faut avouer que le camp d’internement, c’est une tradition assez française. Des camps de Vichy ou de la guerre d’Algérie, l’armature est la même. » Les jeunes allemands de Saint-Pierre ? « Ils ont été rapatriés en Allemagne par les Américains après dénazification. »

David Coquillé (La Marseillaise, le 22 février 2016)

« Incarcérer les collaborateurs, Dans les camps de la Libération, 1944- 1945. » Laurent Duguet, 320 pages. 2015. Vendémiaire.

Histoire populaire de la ville de Marseille. Promémo à « La Marseillaise »

le 22 février 2016

Au journal La Marseillaise
19, cours d’Estienne d’Orves
13001 - Marseille

Jeudi 25 février de 9h30 à 12h30

La Marseillaise et l’association Promémo projettent la publication aux Éditions de l’Atelier d’un livre illustré intitulé Marseille, une mémoire populaire, retraçant l’histoire populaire de la ville de Marseille à travers des documents photographiques et des témoignages personnels. Des chercheurs en histoire sociale marseillaise et du mouvement ouvrier provençal supervisent la collecte des documents et le choix de ceux qui seront publiés. À leur regard s’ajoutera celui du cinéaste Robert Guédiguian qui participera au choix des documents et signera le texte d’ouverture de l’ouvrage.

Des membres de l’association, Françoise Fontanelli, Raymond Bizot et Gérard Leidet, seront présents au journal afin de récolter des photos et des témoignages autour de l’histoire de Marseille populaire.

Contact : Gérard Leidet au 06.27.75.17.44 ou gerard.leidet@neuf.fr.

Université Populaire du Pays d’Aubagne. Regards sur la classe ouvrière aux 19è et 20è siècles

le 22 février 2016

Lycée Joliot Curie
4, avenue des Goums
Aubagne

Mardi 1er mars à 19h

Conférence de Stéphane Rio. Insoumission et résistance du 19ème siècle à aujourd'hui (1/3)

La classe ouvrière a charrié bien des représentations depuis le 19è siècle. De la classe laborieuse et  dangereuse porteuse de tous les vices, à la classe révolutionnaire parée de toutes les qualités de vertu et de probité, écrivains, intellectuels, hommes politiques et journalistes ont construit un grand nombre de représentations véhiculant fantasmes et idéalisation.

Soirée organisée par l’Université Populaire du Pays d’Aubagne.

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