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Gardanne. « Croizat, un grand homme injustement méconnu »

le 03 janvier 2016

Gardanne. « Croizat, un grand homme injustement méconnu »

Patrimoine. Le Conseil municipal de Gardanne a voté à l’unanimité, la dénomination d’une avenue Ambroise-Croizat.

Une avenue de la Ville(*) portera le nom du Ministre communiste à l’origine de la création de la sécurité sociale. Une décision votée à l’unanimité du Conseil municipal le 18 décembre dernier. Rencontre avec Jeannot Menfi (PCF), Maire-Adjoint en charge du patrimoine.

La Marseillaise. Pourquoi avez-vous décidé de rendre cet hommage à Ambroise Croizat ?

Jeannot Menfi. En novembre, nous avons organisé une rencontre à Biver autour des 70 ans de la Sécurité sociale, car le Maire souhaitait que l’on évoque ses origines. Ambroise Croizat y a été évidemment cité. Pour nous, il est encore trop peu connu des Français.

La Marseillaise. Comment expliquez-vous cette méconnaissance malgré le rôle essentiel qu’il a joué dans la création de la Sécurité sociale ?

Jeannot Menfi. C’est vrai, qu’on ne parle pas assez de lui dans les livres. Il en va de même pour tous les Ministres communistes nommés au gouvernement après la Libération. C’est injuste. Croizat a été nommé par De Gaulle en même temps que Maurice Thorez ou Marcel Paul. Mais après 1947, on a été pratiquement évincés du gouvernement, et la mémoire a un peu oublié tous ces gens. À Gardanne, on veut entretenir ce souvenir. Le pouvoir de Vichy avait évincé tous les Maires communistes de France. A la libération, les Américains ont redonné les clefs au Maire Savine, et deux élus communistes ont été désignés : Roger Bossa à Biver, Étienne Poussel à Gardanne. Au niveau national, ça a été la même chose, avec la nomination de Ministres communistes qui ont beaucoup travaillé pour redresser le pays, via les nationalisations, notamment. Par exemple, c’est grâce à leur volonté de nationaliser les mines qu’est né le statut du mineur. Croizat a fait partie de ces grands hommes. Cette décision de donner son nom à une avenue, on aurait pu la prendre avant, mais je suis heureux qu’elle tombe en même temps que le 70e anniversaire de la Sécurité sociale.

Propos recueillis par Sabrina Guintini (La Marseillaise du 3 janvier 2016)

(*) L’avenue concernée est la portion de la RD 58a allant de la Lampe des Mineurs jusqu’au carrefour de la Zone Avon.

Commémoration du 110ème anniversaire de la mort de Louise Michel

le 23 décembre 2015

Sur Arte. "Nu parmi les loups"

le 14 décembre 2015

Sur Arte

Lundi 14 décembre à 22h25

Rediffusion vendredi 18 décembre à 2h05

Des prisonniers détenus à Buchenwald découvrent un enfant juif dans une valise et décident de le cacher... Réalisé en 1963, ce film de la Defa, les studios de cinéma est-allemands, est une adaptation d’un roman de Bruno Apitz qui relatait un fait authentique. Avec Erwin Geschonneck et Armin Mueller-Stahl.

Buchenwald. Les prisonniers du camp de concentration veulent encore croire à la fin de la guerre et à l’écroulement du national-socialisme. Certains préparent même la libération du camp au sein d'un comité secret. Un événement inattendu vient bouleverser le quotidien : dans une valise, des détenus découvrent un petit enfant juif. Que faire ? La décision de le cacher pour le soustraire aux SS redonne sens à la vie des prisonniers, parcelle d’espoir dans un univers de terreur.

Résister à Buchenwald

Ce film est une adaptation d’un roman de Bruno Apitz qui relatait un fait authentique. L'auteur avait passé lui-même huit années au camp de Buchenwald, et la mise en scène de Frank Beyer respecte l’esprit de l’œuvre, une étude nuancée de la psychologie des bourreaux et des victimes. Le comédien Erwin Geschonneck donne au personnage principal de Krämer, le chef du mouvement de résistance à l’intérieur du camp, une dimension et une aura hors du commun.

 

 

Alain Chouraqui. « Il suffit d’une majorité passive et divisée... »

le 12 décembre 2015

Alain Chouraqui. « Il suffit d’une majorité passive et divisée... »

Le livre « Pour résister », dirigé par le président d’honneur de la Fondation du camp des Milles, ausculte le processus de basculement dans la barbarie raciste.

« Je crois important de mettre en avant quelques leçons de l’histoire expliquées au camp des Milles et qui sont transparentes pour aujourd’hui », confie d’emblée Alain Chouraqui, directeur de recherches au CNRS, qui publie sous sa direction et sous l’autorité du Conseil scientifique de la Fondation du camp des Milles, le livre Pour résister à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme(*).

« Un des objectifs d’origine des fondateurs du Mémorial était d’être utile au présent, d’en faire un outil de compréhension et de vigilance pour aujourd’hui. Nous avons constaté que beaucoup de mémoriaux ou de cérémonies étaient trop exclusivement tournés vers le passé. Même si on entendait ''plus jamais ça !", on n’avançait pas vraiment sur "comment faire ?" »

La Marseillaise. Vous faites une distinction entre « la mémoire révérence » et « la mémoire référence ». Pouvez-vous l’expliciter ?

Alain Chouraqui. Cela veut dire deux choses : ne nous contentons pas de rappeler l’histoire en pensant que, même tragique, elle suffirait à empêcher le retour des horreurs racistes et fascistes. Et essayons de comprendre les dérives de cette histoire en nous appuyant aussi sur d’autres disciplines comme la sociologie, la psycho-sociologie, la science politique, la philosophie afin de mieux connaître les mécanismes individuels, collectifs, institutionnels qui ont pu mener au pire et peuvent encore y mener. Douze années de recherches scientifiques pluridisciplinaires ont permis de décortiquer ces mécanismes et de les présenter au sein du site mémorial du camp des Milles comme dans notre ouvrage. Ils ne sont pas liés uniquement à la Shoah, à une période, à un génocide en particulier, car nous avons élargi le regard à d’autres génocides du XXe siècle pour en valider une analyse universelle, qui parle donc aussi de l’homme d’aujourd’hui. Le livre reproduit et approfondit les analyses qui ont permis de repérer ces mécanismes et parmi ces mécanismes, certains paraissent particulièrement utiles à la compréhension aujourd’hui. Les extrémismes nationalistes, racistes mais aussi religieux que l’on voit remonter se nourrissent les uns les autres. Nous avons accéléré la date de parution de ce livre car il y a eu beaucoup de demandes de la part de visiteurs du camp des Milles. C’est un livre que nous avons voulu extrêmement pédagogique avec des schémas, des illustrations, des cas concrets pour que ce soit largement accessible.

La Marseillaise. Certains documents ou films présentés au camp des Milles décrivent les engrenages qui conduisent au pire. Pouvez- vous les expliquer et montrer en quoi ils sont opérants pour comprendre la situation actuelle ?

Alain Chouraqui. Parmi les mécanismes utiles pour aujourd’hui, il y a le fait que les racismes, l’antisémitisme, la xénophobie ont un potentiel explosif et contagieux dans toute société. Lorsqu’ils l’emportent, le passionnel prend le dessus sur la raison qui est la condition du dialogue démocratique. Ce racisme est l’aliment d’un engrenage qui peut mener très rapidement de simples préjugés à des massacres de masse. Cela peut se produire y compris lorsqu’il n’y a qu’une minorité de la population qui nourrit cet engrenage en aspirant à un ordre autoritaire et xénophobe qui aboutit d’ailleurs le plus souvent à des conflits et des désordres. Hitler arrive au pouvoir avec 33% des électeurs seulement parce que la majorité qui n’était pas nazie était divisée, en particulier les socialistes et les communistes, pour « d’excellentes raisons » qu’ils se donnaient les uns les autres, mais aussi les démocrates chrétiens. La majorité du peuple n’a pas pu s’unir pour faire contrepoids à la minorité. Il suffit d’une majorité passive ou divisée pour que cet engrenage opère : plus le rassemblement de cette majorité divisée tarde, plus les résistances tardent et moins elles sont efficaces.

La Marseillaise. Le parallèle entre la situation actuelle et les années 1930 est souvent effectué. Vous paraît-il fondé ?

Alain Chouraqui. Je crois que ce parallèle est fondé malgré ses limites. Beaucoup d’éléments conjoncturels sont certes différents : ce ne sont pas les mêmes personnes, les mêmes partis etc., mais ces éléments sont secondaires par rapport à l’essentiel qui repose sur certaines tendances fondamentales d’une société. Toute société confrontée à des crises économiques, morales, sociales produit des minorités qui se crispent, notamment quand il y a perte, ou recherche, de repères identitaires. Cela entraîne des mécanismes de boucs émissaires et d’exclusion de ceux qui n’entrent pas dans les critères, c’est le fondement de l’engrenage.

Propos recueillis par Jean-François Arnichand (La Marseillaise, le 12 décembre 2015)

(*) Paru aux éditions du Cherche Midi. Prologue de Simone Veil.

Accès gratuit au site mémorial

Depuis hier et jusqu’à demain, le site mémorial du camp des Milles ouvre ses portes gratuitement au public. Une initiative qui fait suite à beaucoup d’autres, engagées dans la foulée des attentats de janvier et tournées vers la réflexion contre les racismes et les extrémismes : en février, la visite du Premier ministre, Manuel Valls, en présence de jeunes des quartiers prioritaires ; puis le Forum national démocratie, mémoires et vigilance, qui a rassemblé les Présidents des grandes organisations antiracistes ; en octobre, l’inauguration d’une chaire de l’Unesco « éducation à la citoyenneté, sciences de l’homme et convergence des mémoires », par le Président Hollande ; le 29 novembre, la signature de la déclaration nationale inter-religieuse pour la fraternité et contre les extrémismes…

L’accès gratuit du site pendant 2 jours s’inscrit dans cette logique de transmission de « clés » visant à comprendre « comment des idées xénophobes (…) et les crispations identitaires peuvent conduire notre société au pire », dixit le communiqué informant de la démarche. Un acte politique ? « On fait un acte politique en permanence ici, au sens noble du terme », nuance Cyprien Fonvielle, directeur du mémorial du camp des Milles, « l’éducation et la culture permettent aux sociétés de grandir et dans l’éducation et la culture, il y a l’Histoire et la mémoire. Elles doivent nous permettre d’éviter que les moments extrêmes qu’ont vécu les sociétés, se reproduisent. L’Histoire peut éclairer le présent. Toutes les sociétés se sont constituées pour protéger les individus qui la composent et dans des périodes de tension, de crise économique, sociale, de crise morale forte, l’équilibre de ces sociétés peut vaciller, les peurs peuvent entraîner les citoyens à remettre en cause les démocraties dans lesquelles ils exercent leurs droits et leurs devoirs. »

Bien sûr, « certains visiteurs veulent comprendre pourquoi spécifiquement dans cette période, on a pris cette initiative. Mais la plupart ont compris que nous participons à la vie démocratique. On n’est pas en train de se projeter ou d’analyser l’actualité, mais on ramène l’Histoire vers le présent, pour rappeler ce à quoi elle sert. » Et pour que les citoyens réalisent leur devoir « de la façon la plus éclairée possible », le camp apporte les éléments de réflexion nécessaires à la compréhension des mécanismes ayant conduit au pire. Mais loin de l’actualité qui ne saurait justifier seule cette démarche, la gratuité est surtout une occasion de découvrir un lieu essentiel où la flamme de la mémoire ne s’éteindra jamais.

Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 12 décembre 2015)

Conférence sur Ambroise Croizat et la Sécurité sociale

le 08 décembre 2015

A la Bibliothèque de l’Alcazar
Cours Belsunce
13001 - Marseille

Vendredi 11 décembre à 17h30

Conférence de Michel Etievent organisé par "Mémoires vivantes".

Une exposition « La Sécu, c'est vital » à voir aussi au département Société de la Bibliothèque de l’Alcazar du 5 au 18 décembre.

Martigues. Cent ans après, la douleur est toujours vive

le 06 décembre 2015

Martigues. Cent ans après, la douleur est toujours vive

Histoire. La Ville de Martigues a commémoré hier le centième anniversaire du génocide arménien en inaugurant une stèle mémorielle. Une double exposition est aussi visible dans le hall de la Mairie.

Dressée au cœur du jardin lapidaire de l’avenue Ziem, au bord du Chenal de Caronte et face à la Mairie, la stèle commémorant le génocide des Arméniens par la Turquie de l’Empire Ottoman est parée des drapeaux français et arménien. Moment solennel, en présence de Gaby Charroux, Député-Maire de Martigues, accompagné par Samuel Lalayan, représentant le Consul général de la République d’Arménie à Marseille, Daron Gerejian, évêque de l’Église apostolique et Gérard Frau, Conseiller départemental et représentant Martine Vassal. Erigé à la mémoire d’au moins 1.200.000 victimes (même s’il est reste difficile, 100 ans après, d’avoir un chiffre précis), ce « Khatchkar » ou croix en pierre a été conçu par l’architecte Yves Justin et sculpté par Manvel Abrahamyan. Et hier il a été béni par l’évêque Daron Gerejian.

Ce monument est symbolique à plus d’un titre: il représente un art pluriséculaire et le plus ancien d’Arménie. « Mais il revêt une double reconnaissance: celle du génocide arménien et celle de histoire même du peuple arménien » précisait Gaby Charroux dans son allocution. Car c’est bien ce qui est en jeu aujourd’hui pour la diaspora arménienne : « l’exigence d’une justice et d’une reconnaissance » affirmait Pascal Ezguilian, Président de l’association franco-arménienne du pays de Martigues.

L’histoire reste douloureuse et la plaie n’est pas refermée : « les Arméniens existent-ils au delà de leur génocide ? Est-il possible d’en écrire l’histoire alors que la Turquie continue à nier son existence ? La question arménienne reste un symbole à garantir les droits d’un peuple par la communauté internationale » poursuivait Pascal Ezguilian. Car il s’agit bien, et tous les intervenants l’ont rappelé, de la « première entreprise d’extermination » du XXème siècle sur le continent européen. Aujourd’hui, l’Arménie, qui n’a acquis son indépendance définitive qu’en 1991, est toujours divisée en deux, entre partie orientale et partie occidentale. Pour illustrer toute la difficulté à régler « ce qu’on appelle parfois pudiquement "le problème arménien" », Gaby Charroux évoquait « le Député communiste Guy Hermier, parmi les plus ardents militants`pour la reconnaissance du génocide, qui obtiendront un vote favorable le 29 mai 1988. Un vote qui déclenchera les foudres de la Turquie, laquelle, en représailles, écartera plusieurs entreprises françaises de ses appels d’offres ». Précisant que si le Parlement européen a reconnu officiellement le génocide arménien en 1991, seules 24 nations l’ont fait à ce jour.

La mémoire, « matrice de l’histoire qui unit les peuples à travers le temps, qui reste fragile et douloureuse pour les Arméniens » selon les propos de l’historien Nicolas Balique, est désormais inscrite dans la terre martégale, grâce à cette stèle mais aussi à tous les descendants présents hier matin, et à tous ceux « qui ont écrit et font partie de notre histoire, de notre patrimoine culturel ».

Nathalie Pioch (La Marseillaise, le 6 décembre 2015)

La mémoire arménienne de Martigues

Ce sont près de 245 Arméniens qui arrivent à Martigues entre 1922 et 1926. Les Archives communales et l’historien Nicolas Balique ont, depuis plusieurs mois, retrouvé le parcours de ces familles. Beaucoup avaient été, dès cette époque, embauchés dans les ateliers Verminck, sur les quais de Caronte, qui avaient besoin de main d’œuvre. Quatre familles (Mouradian, Samakian, Arpadjian et Artinian) ont transmis documents et photos qui sont installés dans le hall de la salle du Conseil municipal, en même temps que la très belle exposition des Archives départementales, avec le concours de l’association Parole vive et de l’ARAM (association pour la recherche et l’archivage de la mémoire arménienne).

Les premiers réfugiés touchent le port de la Joliette en 1922. Certains choisiront de s’établir dans le Venise provençale et d’en faire leur seconde patrie. Parmi les plus anciens descendants, l’histoire singulière de Charles Mouradian. Né à Kharpout (Turquie) le 13 juillet 1915, il arrive à Marseille avec le bateau « Le Providence » (ça ne s’invente pas) en 1925. Installé sur la commune et attaché à son pays d’adoption, il prend les armes contre l’occupant nazi et est déporté comme prisonnier de guerre. Pour l’anecdote, lui qui vient d’avoir 100 ans, reste un incorrigible rebelle, puisqu’il a été verbalisé il y a quelques jours pour excès de vitesse ! Mais il témoigne de son enracinement dans son histoire familiale. Ce que Nerses Arkopian, dans le film qu’est en train de réaliser Nicolas Balique sur ses familles et cette histoire arméniennes, qualifie « d’arménité ».

Nathalie Pioch (La Marseillaise, le 6 décembre 2015)

Camp des Milles. Les religions unies face à la barbarie

le 30 novembre 2015

Camp des Milles. Les religions unies face à la barbarie

Les représentants des trois grandes confessions ont signé la déclaration nationale inter-religieuse pour la fraternité et contre les extrémismes.

Le site-mémorial du Camp des Milles accueillait hier, une conférence en présence du Cardinal Philippe Barbarin (archevêque de Lyon et primat des Gaules, au nom de l’ensemble des Eglises chrétiennes de France), Ghaleb Bencheikh (islamologue, Président de la Conférence mondiale des religions pour la paix) et Réouven Ohana, Grand Rabbin de Marseille. Cette rencontre « était programmée de longue date, mais prend un relief particulier dans le contexte actuel » introduit Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles, pour qui « au plus tôt les religions prennent la parole, plus elles sont efficaces pour enrayer les processus criminels ». La parole des trois grandes confessions, en l’occurrence, prend la forme d’une déclaration nationale inter-religieuse pour la fraternité, signée hier par les trois intéressés après des allocutions d’où émergeaient nombre de valeurs partagées. « Notre point commun, c’est la question de la miséricorde », estime le cardinal Barbarin, « ce mot est une notion majeure dans la Bible, le Coran et la Torah. Il est le socle de notre rapport fraternel, gravement malmené aujourd’hui ».

« Vers un avenir fraternel »

« L’année se termine comme elle avait commencé : dans l’épouvante » rappelle Ghaleb Bencheikh avec gravité, « nous n’allons pas nous habituer à la récurrence de cette horreur. Pour cela, tournons- nous vers l’insoumission et la résistance face à la barbarie ». Et citant l’Ecclésiaste -« Il y a un temps pour démolir et un temps pour construire, un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour se taire et un temps pour parler, un temps pour la guerre et un temps pour la paix »- Ghaleb Bencheikh complète avec ses propres mots : « Après le temps de l’effroi et celui de la condamnation, voici venu le temps du sursaut et du réveil des consciences ». Réouven Ohana, lui, convoque le Lévitique pour illustrer sa pensée : « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’opprimerez point ». Les orateurs, malgré les nombreuses références aux textes sacrés, tiennent toutefois à délester leur démarche du seul contexte religieux, le Rabbin Réouven Ohana précisant « nous nous adressons à l’ensemble des citoyens. La vérité, la justice et la paix sont les piliers sur lesquels tient le monde et tous ceux qui y vivent, croyants ou non-croyants ». Un acte citoyen autant que religieux, concrétisé par la signature commune d’un appel national à « faire échec à toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie, de mépris du christianisme (…), à combattre les germes de violence contenus dans nos cœurs, nos communautés, issus d’une manipulation de nos propres traditions religieuses (...), à transmettre aux jeunes générations une histoire partagée et à faire converger les leçons de toutes les mémoires blessées », concluant d’une voix : « le présent pacte de fraternité se veut un trait d’union entre nos religions et un pont vers un avenir fraternel ».

Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 30 novembre 2015)

Université populaire du Pays d’Aubagne. Violence et classe ouvrière aux 19 et 20è siècles

le 29 novembre 2015

Université populaire du Pays d’Aubagne. Violence et classe ouvrière aux 19 et 20è siècles
Lycée Joliot-Curie
Aubagne

Mardi 15 décembre à 18h30

Conférence de Stéphane Rio.

A qui fait peur la violence ouvrière ?

Un regard historique sur l'actualité.

Début octobre 2015, alors que la direction d'Air-France essayait de passer en force sur un énième plan social qui licencierait des centaines d'employés, les salariés manifestèrent et s'en prirent à quelques membres de la direction.

Ces altercations ont tout de suite pris une dimension politique et médiatique exceptionnelle. La direction d'Air France a porté plainte pour violence, soutenue par le gouvernement socialiste et l'opposition de droite. La presse et les commentateurs n'ont eu de cesse de condamner des « violences inacceptables » pour Manuel Valls, « indignes » pour la CFDT. « Jamais rien ne pourrait justifier de telles violences »...

Ces réactions indignées ressurgissent depuis quelques années alors que le mouvement social est en difficultés, mais elles ne sont pas neuves… Depuis l'apparition du mouvement ouvrier au 19ème siècle, les attaques patronales, politiques et médiatiques sont récurrentes. De la peur de la Commune de Paris à celle de l'action directe anarcho-syndicaliste, de la condamnation et de la répression des mouvements de grève au début du 20ème à la déqualification de la culture ouvrière, bourgeoisie, presse et classe politique dominante ont su se mobiliser pour maintenir leurs intérêts et contenir la subversion ouvrière.

Université populaire du Pays d’Aubagne. La créativité des femmes dans les Camps

le 29 novembre 2015

Université populaire du Pays d’Aubagne. La créativité des femmes dans les Camps
Lycée Joliot-Curie
Aubagne

Mardi 8 décembre à 18h30

Conférence de Renée Dray-Bensoussan.

Transportées dans des wagons à bestiaux, dépouillées de leurs habits pour endosser des uniformes rayés trop grands ou trop petits, chaussées de galoches de taille inadaptée, privées de leur état civil pour n’être plus qu’un numéro, tatoué sur la peau, tondues…
 

Martigues. Le capital d’idées

le 29 novembre 2015

Martigues. Le capital d’idées

Industrie. Salariés et délégués syndicaux témoignent des alternatives proposées pour la sauvegarde de leur outil de production, en clôture du festival « J’ai une gueule d’industrie... et alors ? »

Des délégués syndicaux CGT ont apporté samedi matin leur témoignage dans le cadre du festival « J’ai une gueule d’industrie… et alors » lors d’une matinée consacrée à ceux qui « ont dit non ». Un « non » constructif. Un refus plutôt, de voir par exemple « verser 30 à 40 millions par an de dividendes aux actionnaires d’Ascometal » indique Christian Pantoustier, délégué CGT du site de Fos ; de voir rayer d’un trait de plume le site de Total la Mède au prétexte que « les grandes entreprises de raffinage préfèrent déserter la France afin de s’extirper du cadre légal et environnemental » comme l’explique Fabien Cros, délégué du CE de Total, ou bien assister au démantèlement de « son outil de production et des emplois » inhérents comme à Fralib, se rappelle Henri Soler

Un refus assorti à chaque fois d’un énorme travail d’études de perspectives, d’analyses de bilan, de négociations, avec les dirigeants, les collègues, les institutions, les collectivités territoriales. Pour faire entendre, à chaque fois, la nécessité de maintenir ses emplois industriels dans la région ou en France. « Ce sont les salariés qui travaillent à l’indépendance énergétique de la France ! » stipule Fabien Cros, « un pays sans industrie c’est un pays qui se meurt, elle permet de structurer un pays » poursuit Marc Bastide de la Fédération de la Métallurgie. De cette structure, l’activité portuaire en donne un bon exemple, « Altéo, à Gardanne, qui importe sa bauxite, fournit 3.500 journées de travail sur les docks », constatent Serge Coutouris, délégué des dockers du golfe Fos, Saint Louis, « c’est 1.200 journées, aussi nous sommes très attentifs et vigilants au devenir de ces entreprises » souligne-t-il. Faudrait-il encore « ne pas abandonner la formation professionnelle, le patronat a arrêté depuis 30 ans. Et que font certains jeunes sans formation ni perspective sinon se tourner vers l’économie parallèle ? » questionne le métallo.

Les alternatives

Pourtant les alternatives ne manquent pas, à l’instar du « projet phœnix » présenté par les salariés et la CGT de l’entreprise Kem One, portant sur un financement croisé pour une relance à long terme, ou la création de la Scop-ti des ex-Fralib afin de sauvegarder leur outil de production et devenir indépendant de la multinationale. Car aux « conflits sociaux » et aux « rapports de force » aussi inévitables que « nécessaires » s’ajoutent les alternatives et propositions mises sur la table par les salariés eux-mêmes. « La forme 10, du port de Marseille, c’est une revendication de 25 ans, alors que certains voulaient boucher la forme pour y construire un hôtel...» rappelle le métallo. A Air-France, « les débouchés existent, il y en a au Sud de l’Europe et au Maghreb » souligne à son tour Aimé Musto. « Nous ne nous opposons pas à la modernisation de la raffinerie mais nous ne voulons pas de table rase ! » stipule Fabien Cros.

Quant aux dockers, ils travaillent à « un projet de démantèlement de navires à Port de Bouc. Les salariés portent seuls la politique industrielle et écologique de la France, et il est temps de prendre conscience que le potentiel de développement économique est à l’intérieur des entreprises » conclut Serge Coutouris.

La Marseillaise, le 29 novembre 2015

Avis de tempête

Philippe Martinez, le Secrétaire général de la CGT était ce samedi à Martigues, pour faire un point de la situation avec les différents délégués départementaux et locaux, à la veille de la journée nationale d’action de ce mercredi 2 décembre. « Ce mercredi, c’est aussi le jour où "les 5 d’Air-France" passeront devant le tribunal, c’est l’occasion de manifester notre soutien et de dénoncer les violences patronales que nous subissons depuis de trop longs mois » lance Olivier Mateu, le Secrétaire départemental de la CGT 13. « Nous payons cher les décisions prises par le gouvernement et le patronat qui n’ont que pour objectif de satisfaire les actionnaires, et nous ne l’acceptons pas ! » conclut-il avant de laisser la parole à Philippe Martinez. « La situation d’Air France est à ce titre emblématique : réprimer plutôt que de discuter des alternatives que les salariés et la CGT portent. Beaucoup d’entreprises peuvent se reconnaître dans le cas Air France. » Pour rappel, « la direction a annoncé 3.000 suppressions de postes, 5.000 autres sont à venir. A Marseille, il s’agit de supprimer 170 équivalent temps pleins » précise Aimé Musto, délégué national CGT des personnels d’Air-France.

« Nous sommes dans un contexte particulier, en état d’urgence, certes, en tant que citoyens nous sommes affectés - la famille CGT a perdu 3 des siens au Bataclan » stipule Philippe Martinez. Ceci dit « les problématiques d’avant le 13 novembre sont toujours là ». D’ailleurs, « les problèmes sociaux (chômage, misère) sont un des terreaux qui favorise ceux qui commettent de tels actes terroristes » selon le Secrétaire général. Et de rappeler l’importance de « l’intégration par le travail car normalement, le travail, -dans des conditions décentes- s’effectue au sein d’un collectif, où l’on parle, discute, crée des liens, des solidarités ». Le mouvement de grève à Air France, « devrait être suivi à hauteur de 80% » selon la CGT…

La Marseillaise, le 29 novembre 2015

Au fil des rencontres

Marcel Croquefer, CGT Dunkerque. La raffinerie de « l’après Pétrole », Marcel Croquefer, de l’union locale CGT de Dunkerque y croit dur. Un film de quatre minutes projeté sur le grand écran de la salle du Grès et voici présenté un processus permettant de redonner une nouvelle vie à l’ancienne raffinerie de Total. Malgré un combat de longue haleine et « une action juridique qui s’est soldée par un succès » pour les salariés, l’entreprise n’a jamais rouvert. Le principe exposé est simple, « et d’avenir », il s’agit de transformer la raffinerie des Flandres en site de production d’hydrogène, « par électrolyse ». grâce aux cinq éoliennes dont est équipée l’usine, et le savoir-faire des anciens salariés. « L’hydrogène peut être stocké et alimenter voitures, bus, logement ». « Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de l’après-pétrole… » souligne l’orateur, si les grands groupes pétroliers font officiellement la sourde oreille à cette innovation, Marcel Croquefer constate tout de même que « Total a récemment débuté un projet basé sur cette technologie à l’aéroport de Berlin ». De nombreuses démarches ont été également faites auprès des différents ministères pour défendre cette idée, synonyme à la fois de réindustrialisation et d’énergie propre, et qui tombe à point nommé en ce début de COP 21…

Jean-Marie Valentin, avocat d’affaires. Il connaît sur le bout des doigts les « dossiers » de Kem One, Pétroplus ou Liondel-Basell pour avoir été l’avocat des salariés. La viabilité d’une entreprise ou d’une sauvegarde dépend d’un principe : l’alignement des intérêts des parties prenantes. Étant entendu que « s’aligner sur les seuls intérêts de l’actionnaire est une erreur, puisque celui-ci n’a que pour principale ambition de faire de la plus-value ou d’améliorer sa situation au niveau d’un groupe ». Un alignement qui s’effectue selon deux points : « l’intérêt social de l’entreprise et l’impact de la société sur son marché ». Dans chaque statut, il y a l’objet social de la société. « Et je n’ai jamais vu comme objet : faire la fortune de ses actionnaires » constate-t-il. Ensuite, « il faut que la société ait un marché. Et si un projet remplit ces deux critères, il doit fonctionner ». Reste à faire reconnaître « la légitimité » dudit projet, lorsqu’il est notamment défendu par les salariés et leur syndicat. Une nécessité d’autant plus impérieuse que « la situation évolue vite, aujourd’hui, avec l’ANI, la négociation et l’expertise durent 4 mois maximum. Et c’est une véritable course contre la montre » conclut- il. Un délai qui ne permettrait plus aujourd’hui aux ex-Fralib de maintenir la pression sur 1336 jours et de déboucher sur la création de leur scop.

La Marseillaise, le 29 novembre 2015