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Pascal Posado. La Marseille populaire avec passion

le 03 septembre 2015

Pascal Posado. La Marseille populaire avec passion

Le premier Maire communiste des 15-16 est une figure du mouvement syndical et politique marseillais. Sa mémoire des quartiers Nord nous est plus que jamais indispensable.

Aujourd’hui en soirée, lors de l’Assemblée de rentrée des communistes des Bouches-du-Rhône, un hommage particulier sera rendu, en sa présence, à Pascal Posado, par la diffusion d’un film consacré à sa vie et à son action syndicale et politique. Pascal Posado, premier Maire communiste de secteur en 1983 jusqu’en 1989. Son secteur, les 15e et 16e arrondissements de Marseille, ces quartiers Nord, si souvent montrés du doigt, dont, avec ses camarades les Députés François Billoux et Guy Hermier, il a cherché à changer le profil. Et souvent avec succès.

Mais avant d’être Maire, ce fils d’immigrés espagnols « économiques », comme il se définit lui-même, fut le plus jeune Conseiller municipal de la ville dès 1965, « à l’orée de l’âge légal », confie-t-il malicieusement. Une maturité politique acquise très tôt, quasiment à la sortie de l’enfance, quand il suivait sur la carte, depuis la ville de Marseille où il est né, les défaites et victoires des Républicains espagnols.

Tout faire pour rétablir l’équilibre

Le tout jeune Conseiller municipal, qui a forgé ses premières armes de résistance au sein de la Sncase, (société nationale de construction aéronautique du Sud-Est), l’entreprise ancêtre d’Eurocopter, se fixe un objectif ambitieux : « Tout faire pour contribuer à combler le fossé qui s’est creusé entre les quartiers Nord et les quartiers Sud de la ville. » Ces derniers abritant les belles propriétés et les logements de haut standing, tandis que les premiers, s’étirant le long du Port de Marseille, en extension, ne bénéficiaient d’aucun équipement collectif, sportif, culturel. « Et quant à la qualité des logements, elle est plus que médiocre. Une Marseille à deux vitesses, dont la séparation s’effectue autour de l’ossature de La Canebière. »

Cette passion des quartiers Nord lui est venue bien avant, alors qu’encore adolescent, sa famille déménage du quartier de la Villette aux Aygalades. « Du paveur qu’il était, mon père est devenu épicier. Mes liens sont donc très anciens avec ce secteur de la ville. » Conseiller municipal, c’est au rééquilibrage de la cité qu’il consacre une grande partie de son énergie. « Nous menions alors la bataille en matière d’urbanisme. D’ailleurs, j’ai tout de suite déclaré que je voulais m’occuper de ces questions-là, celles de la ville. »

Mais en 1983, devenu Maire de secteur, cette volonté de donner aux quartiers Nord un caractère décent, va prendre un tournant décisif. « Nous savions depuis longtemps que c’est seulement avec le concours des habitants que nous pourrions réellement changer la physionomie de cette partie de la ville. Il faut imaginer qu’à cette époque le réseau d’assainissement n’avait pas encore été réalisé, avec toutes les nuisances que vous pouvez imaginer. » Ainsi par exemple, ce sont les femmes du quartier de l’Estaque, avec de simples manches à balais qui ont contribué à mettre fin au passage du torpilleur, ce camion chargé de récupérer les seaux hygiéniques. « Cela avait certes commencé bien avant 1983 mais c’est à partir de cette date que nous avons pu concrétiser quelques-unes des réalisations que nous souhaitions voir aboutir. »

La force de résistance dans les quartiers ouvriers

Parmi celles-ci, l’accès aux habitants des quartiers Nord à la plage de Corbières, la création de bibliothèques à Saint-André, de la salle Alhambra à Saint-Henri. Autant de réalisations permises grâce à une municipalité d’union de la gauche. Mais aussi, au cœur des années soixante et jusqu’en soixante-dix, avec l’apogée de l’industrie marseillaise, « de la réparation navale aux huileries ». Tout tournait en effet autour du Port de Marseille dont Pascal Posado a vécu les heures de gloire, mais aussi le déclin. Fermeture des entreprises, accompagnée du départ de bon nombre de ceux qui les faisaient fonctionner vers d’autres cieux « à la recherche d’un travail », le visage des quartiers Nord ne cesse de se transformer au fil des ans. « Ce qui avait été possible, alors que fleurissaient les associations de quartiers, les sections syndicales, les clubs sportifs », impulsés par une gauche combative au plus près des citoyens, semble aujourd’hui bien loin au Maire militant Pascal Posado. « Nous étions dans une dynamique constructive, permise par cette apogée de l’industrie marseillaise et l’ancrage profond du Parti communiste au sein du paysage politique. »

Force lui est de constater que le visage des quartiers Nord d’alors, avec ses activités, ses commerces de proximité, a depuis bien changé. « Avec la crise économique, la composition sociale a évolué. Il y aurait pourtant bien des réalisations à faire qui correspondent aux besoins de ces nouvelles populations. La droitisation de la société est bien réelle, mais les résultats des dernières élections municipales ont montré que la montée du FN est due davantage à l’abstention qu’à une adhésion spontanée. Il est temps que la gauche remonte la pente. »

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 3 septembre 2015)

Hommage. Un canard toujours debout et rebelle

le 31 août 2015

Hommage. Un canard toujours debout et rebelle

La Libération de Marseille marque aussi la sortie de la clandestinité pour « La Marseillaise » qui annonce aux habitants la bonne nouvelle dès le 24 août 1944.

Un journal né de la Résistance et pour lequel certains ont payé de leur vie. A l’heure du 71e anniversaire de la Libération de Marseille, impossible de ne pas évoquer ce qui fut aussi l’acte de naissance de La Marseillaise. Si la capitulation de l’occupant nazi est officielle le 28 août 1944, le journal a annoncé dès le 24, avec le portrait du général de Gaulle à la une, la libération de la ville, dans son premier numéro « au grand jour ». L’aboutissement de sacrifices faits dans la clandestinité depuis le 1er décembre 1943, date de parution du premier exemplaire. Il y en aura douze. Le titre a été fondé par Pierre Brandon, résistant et chargé par le Front national de lutte pour la libération de la France, de mettre en place un « moyen de diffuser une série d’informations et de contrecarrer la propagande nazie », précise Robert Mencherini, historien.

D’abord imprimé à Aix, rue Bédarrides, chez un sympathisant qui met à disposition le matériel nécessaire, le titre est ensuite fabriqué à Marseille par peur des dénonciations. « Encre, papier et lettres de plomb sont sortis en douce par les ouvriers du livre et linotypistes notamment du "Petit Marseillais", journal collaborationniste à l’époque », raconte l’historien Grégoire-Georges Picot. C’est dans « une planque rue de Village » que La Marseillaise est réalisée. Depuis le 22 août, le journal est quotidien. Les militants prennent des risques énormes. Alors qu’elle se dirige vers les quartiers Nord pour livrer les journaux, l’une d’entre eux, Mala Kriegel succombe à la mitraille. C’est au matin du 23 que « l’action conjuguée des travailleurs, des francs-tireurs et partisans français et de milices patriotiques permit en ces chaudes journées d’occuper sans coup férir les locaux et installations du "Petit Marseillais", titre vautré dans la collaboration avec l’occupant », rappelle l’édition d’août 1974.

« La fièvre de la lutte »

La composition du journal commence sans attendre. André Remacle, journaliste, raconte : « Chacun était apte à toute improvisation. Rosette [sa femme NDLR] tapait nos papiers à la machine, l’enfant chevauchait des tas de vitres brisées, des cloisons intérieures de la rédaction. Chaque déflagration en faisait éclater d’autres. Les informations nous parvenaient incessamment par des estafettes émanant des postes de combats. La fièvre de la lutte nourrissait notre énergie », poursuit-il. Au premier plan dans le combat pour la paix et le progrès social, La Marseillaise reste pétrie de cette volonté de rester debout. Bien décidée à défendre ses valeurs dont les lecteurs et amis n’ont eu de cesse de souligner l’importance lors de la crise récente qui a failli la voir disparaître, ce « grand quotidien régional de la démocratie », comme alors écrit en manchette, compte bien le rester.

Mireille Roubaud (La Marseillaise, le 31 août 2015)

Salon-de-Provence. La mémoire est un combat

le 27 août 2015

Salon-de-Provence. La mémoire est un combat

Le PCF dénonce le dévoiement des cérémonies de la Libération.

Les communistes du pays salonais ont décidé de boycotter la cérémonie municipale officielle de commémoration de la Résistance et de la libération de Salon qui s’est déroulée le 22 août. Ils n’ont pas procédé au dépôt de gerbe au monument du Val de Cuech ce jour là et ne se sont pas associés aux cérémonies célébrant la libération de la ville dans lesquelles ils voient un véritable dévoiement. « Certains s’imaginent qu’on a été libérés uniquement par les Américains, c’est gênant pour la vie démocratique et pour la vérité » résume Jean-François Gast qui dénonce « une véritable militarisation » et « une espèce de révisionnisme mémoriel ».

« Pourquoi cette décision et cette absence alors que le Parti communiste français ayant fourni une grande part des combattants et des sacrifiés pour la liberté de notre pays, a été qualifié à juste titre de ‘‘parti des fusillés’’? » souligne la section du PCF dans un communiqué où elle affirme « solennellement que l’hommage qui doit être rendu à la résistance du pays salonais et les commémorations au monument aux martyrs de la Résistance de Salon et de sa région, notamment à l’occasion de la fête de la libération de la ville, doivent respecter la vérité de l’histoire de la résistance française ». Pour le PCF en effet, « il est urgent que les défilés et animations diverses abandonnent la nostalgie militariste et la glorification des armes pour le respect de nos morts ».

Les communistes salonais pointent notamment l’utilisation du « Chant des africains » et ses relents colonialistes, du chant de la Légion étrangère, « Le boudin » ou de « l’hymne de la compagnie américaine basée à Istres ».

Faisant référence à la célèbre formule de Lucie Aubrac, « le verbe résister se conjugue toujours au présent », ils projettent désormais l’organisation d’une rencontre « afin d’élaborer et d’imaginer ensemble un vrai hommage des Salonais à la Résistance et à ses martyrs ». Ceux-ci se nommaient Pierrette Doize, républicaine espagnole réfugiée à Salon, morte en déportation, Moïse Arnaudo, militant de la CGT salarié à l’usine Kuhlman de Miramas, arrêté par la police de Vichy sur dénonciation en 1941, Jean Marini, jeune entrepreneur d’une coopérative de ferronnerie et Georges Saint-Martin, jeune salonais, scolarisé au Lycée Périer à Marseille, exécuté par l’occupant le 12 août 1944 au charnier de Signes, dans le Var. Les noms de ces quatre résistants communistes figurent sur le monument du Val de Cuech, lieu où ont été assassinés plusieurs responsables du réseau de résistance salonais.

La Marseillaise, le 27 août 2015

Hommage à notre amie Claudette Sicard

le 25 août 2015

 

Notre amie Claudette, femme d'Alain, nous a quittés cet été, et un émouvant hommage lui a été rendu le 22 juillet avec des poèmes d'Hugo et de Neruda dits par sa fille, de la musique et des chants en particulier d'Amérique latine à laquelle elle était particulièrement liée , des témoignages de proches…

Nous adressons toute notre sympathie à notre ami Alain, à ses enfants et petits enfants ...

 

Roquevaire. Élus et militants rendent hommage à Jean Pinna

le 23 août 2015

Roquevaire. Élus et militants rendent hommage à Jean Pinna

Comme chaque année, les élus roquevairois, accompagnés par les militants de la section du PCF de Roquevaire, sont allés fleurir la stèle du vallon St Vincent et ainsi rendu hommage à Jean Pinna, leur camarade tombé lors de la libération de la ville.

La Marseillaise, le 23 août 2015

Aubagne. le Cercle rend hommage à ses membres combattants de la liberté

le 22 août 2015

Aubagne. le Cercle rend hommage à ses membres combattants de la liberté

Dirigeants et adhérents du Cercle de l’Harmonie ont organisé, hier, une cérémonie pour rendre hommage et honorer les 4 combattants, sans uniformes et membres du Cercle, qui sont tombés, dans les rues d’Aubagne, le 21 août 1944, pour la libération de la ville.

Numa Scotto, Marius Tapinazzi, Jean Giacomelli et Raoul Lucci, font partie de 15 martyrs aubagnais qui ont payé de leur vie la conquête de la liberté. Leurs portraits ornent les murs de la grande salle du Cercle.

Membres du Cercle de l’Harmonie, un cercle républicains fondé le 21 septembre 1890(*), ils se sont illustrés par leur courage et leur engagement dans la résistance dès les premières heures. « Le lieu était connu pour être un point de rassemblement de la classe ouvrière et de son expression politique. Il a été le théâtre de plusieurs perquisitions de la part de la police de Vichy et ensuite de l’armée d’occupation », raconte un adhérent. « Les policiers vichystes venaient surtout perquisitionner l’armoire réservée à la section du Parti Communiste. Ils ont lancé ensuite la traque des activistes communistes dont certains étaient traînés devant les tribunaux. Les nazis ont fini par réquisitionner l’immeuble du Cercle en 1942 », ajoute-t-il. Aucune rue ni place ou plaque ne porte leurs noms. Sur la place des Quinze, on peut lire les leurs parmi les 15 noms d’Aubagnais morts lors des combats pour la libération ou pour des faits de résistance. « Ça a toujours été comme ça », se souvient Serge Staquet, le Président du Cercle. « On a toujours honoré leur courage à l’intérieur du Cercle et en dehors de toute cérémonie officielle », souligne-t-il. Cérémonie simple avec dépôt du traditionnel bouquet de fleurs (pas de gerbe). Pas de discours, aucun cérémonial particulier, juste une minute de silence pour honorer la mémoire de « ces 4 camarades tombés, le 21 août 1944, sous les balles des soldats allemands ».

Mustapha Chtioui (La Marseillaise, le 22 août 2015)

(*) Le Cercle de l’Harmonie fête cette année ses 120 ans d’existence le 25 septembre prochain. Des festivités, de rencontres, de débats seront organisés pour l’occasion.

Les histoires des Marseillais donneront vie à celle de la ville

le 21 août 2015

Les histoires des Marseillais donneront vie à celle de la ville

Partenariat. Promémo recevait hier au siège de « La Marseillaise » des témoignages du passé populaire de la cité phocéenne. Objectif : écrire un ouvrage collectif.

L’association Promémo (Provence, mémoire et monde ouvrier) tenait hier une nouvelle permanence dans les locaux du journal La Marseillaise dans le but de recueillir témoignages, archives et autres traces d’histoires afin d’obtenir suffisamment d’éléments à la réalisation d’un livre qui sortira à l’automne 2016, cette œuvre s’intitulera Marseille Populaire.

Démarré en juillet, le processus de collecte de témoignages et de documents se poursuit. Dans les filets de l’association hier : une ancienne bibliothécaire venue attirer l’attention sur un fonds photographique inexploité, une militante du Rouet possédant des archives relatant la vie sociale, politique et culturelle de ce quartier longtemps ouvrier, et auteur d’un livre consacré à la tradition des bals populaires de Marseille.

Quand les anecdotes des uns constituent l’histoire des autres

Pour mener à bien son entreprise l’association recherche toute archive témoignant du passé populaire de la ville et de la riche histoire sociale et politique de la Provence.

Ce projet inédit, Marseille Populaire, est soutenu par le journal La Marseillaise et les éditions de l’Atelier. Mais avant publication, l’ouvrage nécessite de recueillir suffisamment d’éléments historiques auprès des Marseillais eux-mêmes afin d’élaborer un ouvrage qui retracera la vie quotidienne pendant le XXe siècle. « C’est l’assemblage des histoires personnelles, de famille, croisées avec les archives publiques qui nous conduira à l’histoire collective », nous confie Gérard Leidet, co-Président de l’association Promémo.

Prochain rendez-vous, jeudi 24 septembre au siège du journal

En attendant la sortie de ce livre à plusieurs mains, l’association tiendra une nouvelle permanence le jeudi 24 septembre, pendant toute la matinée au siège de notre journal, cours d’Estienne d’Orves. Elle appelle à la participation la plus large. Les habitants de la cité phocéenne auront ainsi une nouvelle occasion d’apporter leurs pierres à l’édifice collectif en préparation. Pour les Marseillais en exil ou les habitants qui auraient des difficultés à s’y rendre ce jour là, les membres de Promémo proposent également de réceptionner des versions numérisées des documents concernant la période(*). Une manière nouvelle d’écrire l’histoire de tous à partir des archives de chacun.

Alexis Kaiss (La Marseillaise, le 21 août 2015)

(*)Coordonnées des membres de l’association :
- Gérard Leidet : 06.27.75.17.44 ou gerard.leidet@neuf.fr.
- Bernard Régaudiat : 04.91.74.28.87 bregaudiat@orange.fr.
- Colette Drogoz : 06.74.64.54.46 Autres informations concernant l’association : www.promemo.fr.

Marseille populaire. Les historiens vous attendent à La Marseillaise

le 19 août 2015

Marseille populaire. Les historiens vous attendent à La Marseillaise
Dans les locaux de La Marseillaise
19, Cours d’Estienne d’Orves
Marseille

Jeudi 20 août de 9h à 13h

Comment vivaient les couches populaires marseillaises au XXe siècle ? Vaste question à l’origine d’un ouvrage : Marseille Populaire.

Ce livre mêlant textes et images doit voir le jour en automne 2016, mais avant cela il faut amasser de l’information.

Depuis plusieurs semaines la collecte de documentation a démarré. Les auteurs comptent sur la participation des habitants pour créer ce livre : « l’ouvrage ne sera composé qu’autour des documents des gens. Il y aura également un éclairage historique, un professionnel de l’image pour sélectionner les photos à garder et un CD avec des témoignages », détaille Colette Drogoz, co-Présidente de Promemo (Provence mémoire et monde ouvrier) une association marseillaise.

Rendez-vous jeudi matin

Promemo et le journal La Marseillaise ont été choisis par la maison d’édition de l’Atelier réaliser cette œuvre. L’historien Robert Mencherini apportera également son regard d’universitaire.

Photos, lettres, cartes postales, journaux, documents divers... tout est le bienvenu pour agrémenter le travail des historiens.

Charles Bianchéri. « A Marseille, la CGT a joué un rôle décisif »

le 19 août 2015

Charles Bianchéri. « A Marseille, la CGT a joué un rôle décisif »

Ancien résistant et militant communiste, il raconte sa participation à la libération de Marseille du côté du quartier de La Capelette (10e). Et insiste sur la menace fasciste, toujours là.

Ancien résistant et militant communiste, Charles Bianchéri est l’un des acteurs et témoins encore vivants de la libération de Marseille à laquelle il a participé à l’âge de 19 ans. 71 ans après, il se souvient encore des combats auxquels il avait pris part, plus particulièrement dans le quartier de La Capelette. Il raconte comment la Résistance à Marseille, même mal équipée et peu organisée, a pu tenir tête à la Wehrmacht et a préparé le terrain aux Alliés qui avaient débarqué, quelques jours auparavant, sur les rivages de Provence.

La Marseillaise. Le 20 août 1944, alors que les combats font rage dans les rues de Marseille, avec d’autres résistants, vous vous engagez dans la bagarre pour cette libération. Racontez-nous…

Charles Bianchéri. Marseille a été libérée officiellement le 28 août. Mais la bataille pour sa libération s’est étalée sur plusieurs jours, grosso modo entre le 16 et le 24. Il y a eu des combats dans les rues et les quartiers : rue Paradis, La Capelette, Saint-Louis, Saint-Marcel, Foresta, Réformés, Saint-André, l’Estaque… et surtout à Castellane où s’est déroulée l’une des plus acharnées des batailles entre la Résistance et l’armée allemande et qui a fait une vingtaine de morts côté résistants. Le signal de l’insurrection a été donné par le bombardement allié le 15 août au soir. Les avions alliés sont passés au dessus de la ville et ont balancé des fusées éclairantes suivies, quelques minutes plus tard, par le largage de bombes.

La Marseillaise. Votre réaction a été alors de lancer l’attaque ?

Charles Bianchéri. A l’annonce du débarquement sur les côtes varoises, la Résistance a appelé la population à se soulever. Toutes les forces disponibles devaient se mettre à la disposition des unités militaires de la Résistance pour lancer l’assaut contre les forces nazies afin de favoriser la tâche des armées alliées. A Marseille, c’est la CGT (et le Parti communiste français alors clandestin) qui, en proclamant le 16 août, la grève générale insurrectionnelle, a joué un rôle prépondérant dans la libération de la ville. Les combats dans nos quartiers commenceront un peu plus tard.

La Marseillaise. Comme à La Capelette où vous meniez votre activité de résistant…

Charles Bianchéri. A La Capelette, on était sur le qui-vive puisqu’on attendait, vainement, une colonne allemande qui, apparemment, se repliait d’Aubagne. Alors qu’on était posté tout le long de l’avenue, sur le pont du chemin de fer, on a entendu des tirs derrière nous. Des camarades avaient intercepté un ou deux camions allemands et il y a eu échanges de tir. On s’est précipité vers les lieux de la fusillade. A mon arrivée, j’ai été envoyé, connaissant bien le quartier, à la tête d’un groupe, à l’assaut de deux soldats allemands qui s’étaient enfuis en se cachant dans la propriété de Savignac. On est monté sur le toit de la maison et on scrutait le terrain. Au bout d’un moment, on a vu que ça bougeait sous un énorme topinambour. J’ai tiré dans la plantation et j’ai vu basculer un jeune soldat allemand vers l’avant, mortellement blessé. Le deuxième est sorti de sa cachette pour se rendre.

La Marseillaise. Qu’a été la suite sur la ville ?

Charles Bianchéri. On a continué à harceler l’armée allemande de sorte que les Allemands n’osaient plus sortir. Ils s’étaient regroupés et avaient fortifié certains secteurs de la ville : Notre-Dame de la Garde, les hauteurs de Gratte Semelle, Saint-Tronc, les Trois Ponts… Lorsque l’armée régulière est arrivée, le chemin était libre et la ville était entièrement aux mains de la Résistance.

La Marseillaise. Quel message adressez-vous aujourd’hui aux personnes séduites par des discours politiques qui prônent l’exclusion et le racisme ?

Charles Bianchéri. Je leur dirai que la menace fasciste existe et il ne faut pas attendre que ça arrive et qu’il soit trop tard. Quelqu’un m’avait interpellé un jour en me demandant pourquoi on n’avait pas manifesté, à l’époque, contre les camps de concentration. Je lui ai répondu que pour manifester contre les camps, il fallait s’y prendre avant. Une fois les camps ouverts, toute personne qui aurait manifesté contre aurait été envoyée dedans. Le danger aujourd’hui est que tout est fait pour effacer la Résistance et ses valeurs politiques. La Résistance qui a produit le programme du Conseil national de la Résistance. C’est comme à Aubagne où la municipalité tente de nous faire taire en nous demandant de lui soumettre notre discours pour la commémoration de la Résistance le 27 mai. Elle trouve qu’on est très long et trop politique. Mais, tant que je suis vivant, personne ne m’empêchera de parler de la Résistance.

Propos recueillis par Mustapha Chtioui (La Marseillaise, le 19 août 2015)

Une stèle pour les goumiers

Les troupes françaises défileront finalement sur le Vieux-Port le 29 août 1944, soit 25 jours plus tôt que ce qu’avaient prévu les Alliés, mais pour ce qui est de la commémoration du 71e anniversaire de la libération de Marseille, rien n’est encore précisément annoncé par les autorités. Seule certitude, comme il est de tradition, une messe devrait être dite à Notre-Dame de la Garde, une des poches de repli des occupants allemands à l’époque, le 25 août, annonce le diocèse sur son site Internet. L’an dernier, un hommage tout particulier avait été rendu aux goumiers marocains qui ont désormais leur stèle au pied de la Bonne Mère, devant le char « Jeanne d’Arc ». Car, après la Corse, ce sont les tabors qui mèneront les affrontements au Merlan, à Septèmes ou Saint-Mitre pour libérer Marseille. Ces derniers poursuivront le combat en remontant la vallée du Rhône avant de couper la retraite allemande par les Vosges et l’Alsace. Ils finiront même pour certains en Indochine.

La Marseillaise, le 19 août 2015

Salon-de-Provence. A propos de la commémoration au Val de Cuech et de la fête de la Libération

le 18 août 2015

Salon-de-Provence. A propos de la commémoration au Val de Cuech et de la fête de la Libération

Les communistes de Salon et région ont décidé de boycotter la cérémonie municipale officielle de commémoration de la Résistance et de la Libération de Salon. Nous ne déposerons pas notre gerbe au monument du Val de Cuech ce jour la.

Pourquoi cette décision et cette absence alors que le Parti Communiste Français ayant fourni une grande part des combattants et des sacrifiés pour la liberté de notre pays, a été qualifié à juste titre de "parti des fusillés" ?

Nous affirmons solennellement que l'hommage qui doit être rendu à la Résistance du pays salonais et que les commémorations au monument aux martyrs de la Résistance de Salon et de sa région notamment à l'occasion de la fête de la libération de la ville, doivent respecter la vérité de l'histoire de la Résistance française.

Il est urgent que les défilés et animations diverses abandonnent la nostalgie militariste et la glorification des armes pour le respect de nos morts.

Les communistes de Salon et région proposeront à la rentrée une rencontre afin d'élaborer et d'imaginer ensemble un vrai hommage des salonais a sa Résistance et à ses martyrs.

Avec Lucie Aubrac, nous affirmons : "le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent". La Résistance au présent... Les communistes la font vivre et la proposent à tout le pays salonais.

Les communistes de Salon et région.

Salon le 18 aout 2015