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Réaction de Marie-George Buffet au décès de Claude Berri

le 12 janvier 2009

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai appris le décès de Claude Berri. Avec lui, c'est tout un pan du cinéma français qui disparait. Touche-à-tout de génie : comédien, scénariste, réalisateur ou producteur, rien de ce qui fait le cinéma ne lui était étranger.

Chacun se souvient du film sur la vie de Lucie Aubrac, les formidables adaptations des romans de Pagnol ou encore le bouleversant Tchao Pantin qui a littéralement révélé Coluche comme acteur de tout premier plan. Toute son œuvre porte une exigence pour moi si importante : celle de montrer que populaire et exigence peuvent aussi aller de pair. Tchao l'artiste.

Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF

Paris, lundi 12 janvier 2009

Décès de Soeur Emmanuelle : réaction de Marie-George Buffet

Par Marie George Buffet, le 20 octobre 2008

Avec Soeur Emmanuelle, disparaît une grande figure du 20ème siècle. Toute sa vie durant, elle n'aura eu de cesse de se battre au côté des plus démunis. Son refus de l'injustice, sa profonde humanité et sa générosité laisseront une empreinte indélébile dans le coeur de millions d'hommes et de femmes.

Je tiens à exprimer, au nom de tous les communistes, mon émotion et ma tristesse. Parmi les causes qu'elle a défendu avec sa ténacité légendaire, la lutte contre la pauvreté ou encore la dignité, je retiendrais aussi la combattante pour la cause des femmes qu'elle décrivait d'une très belle phrase : « éduquer un homme, c'est éduquer un individu. Eduquer une femme, c'est éduquer un peuple ».

Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF

Paris, le 20 octobre 2008

Journée d'hommage à Salvador Allende à l'occasion du Centenaire de sa naissance

le 14 octobre 2008

Vendredi 17 octobre 2008 à partir de 18h00 à l'Espace Niemeyer, 2, place du Colonel Fabien – 75019 Paris

http://salvador-allende-france3.blogspot.com

Même si l'intervention américaine et la réaction nationale ont empêché son gouvernement de réaliser ses idéaux de justice, Allende reste, aujourd'hui plus que jamais, un exemple pour tous ceux qui, comme nous, rêvent d'une société plus juste et croient aux transformations sociales.

Pour lui, le socialisme n'était ni un slogan, ni une utopie, ni un déguisement, mais une réalité concrète vers laquelle son gouvernement tendait jusqu'au coup d'arrêt sanglant du 11 septembre.

Son exemple mérite d'être médité, suivi, adapté aux besoins de notre époque. A l'heure où, partout dans le monde, les idoles sont déboulonnées ou récupérées par la société marchande, seul l'exemple d'Allende résiste.

En Amérique latine toutes les expériences progressistes s'en inspirent ; en Europe, beaucoup s'en réclament sans pour autant suivre son exemple. Et d'ailleurs, savons-nous qui était véritablement Allende ?

Nous vous invitons à réfléchir aux idées et à l'action de Salvador Allende afin que son enseignement nous éclaire dans les luttes à venir, aussi bien en Amérique Latine qu'en Europe.

Hommage à Jean Catelas - Richard Sanchez

le 28 septembre 2008

Amiens 28 Septembre 2008 ( 67 ème anniversaire )

24 Septembre 1941.

La lame de la guillotine fauche la vie de Jean Catelas.

L'homme qui vient d'être ainsi supplicié est un des tout premiers dirigeants du Parti Communiste Français.

Député de la Somme, élu du Front Populaire, c'est une Assemblée de pleutres courbant l'échine qui l'a déchu 19 mois plus tôt avec les autres députés communistes. D'entrée de jeu dans son lamentable réquisitoire, le rapporteur du projet de loi portant la déchéance, le vise personnellement. « Déchéance ? Oui ! Mais certains comme Catelas - s'écrit Georges Bartélemy, député, Maire de Puteaux - doivent tout de suite être abattus. Non pas par un peloton d'exécution, ce serait leur faire trop d'honneur, mais en étant poussés sous le couperet de Monsieur de Paris. »

Le vœu de cet immonde abject, sera malheureusement réalisé.

Qui est-il ? Elu député en 1932, sous l'étiquette socialiste, réélu en 1936, il trahit vite , séduit par le nazisme. Il en devient propagandiste à la fin des années 30. « Le sport explique t-il est le meilleur moyen de préserver la race ». Le reste suit. Quand on prend le chemin de la trahison, on redoute toujours de ne pas aller assez loin.

Dignitaire de Vichy, il sera abattu par des résistants communistes dans Paris, pas encore libéré, en 1944.

Mais voilà qu'une nouvelle fois, un autre homme, venu lui, du parti communiste et l'ayant renié – il s'agit de Pierre DAIX pour qui, « Le Figaro » ne tarit pas d'éloges – reprend à son compte dans un livre récent, l'affabulation selon laquelle, les communistes auraient bien longtemps attendu avant d'entrer en résistance.

Mesdames, Messieurs, Cher(e)s ami(e)s, Cher(e)s Camarades,

Rassemblé(e)s une nouvelle fois ici, comme chaque année, à l'appel de la Fédération de la Somme du Parti Communiste Français, pour commémorer le sacrifice suprême de Jean Catelas, en pensant aussi à Jean Petit, aux Quatre Lemaire, aux Marthyrs de la Stèle Noyon- Saint-Acheul, à Raymond Gourdain, prenons chacune et chacun l'engagement de respecter, toujours, ce qu'a été son combat, ce qu'a été leur combat.

Un combat qui s'écrit LIBERTE parce qu'il est fait de courage et de bonté, de grandeur et de lucidité, d'amour et de fraternité.

C'est le combat de l'humain pour l'émancipation de son genre, pour l'épanouissement de chacune, de chacun de ses semblables aujourd'hui et demain .

C'est le combat communiste !

Jean Catelas l'a porté toute sa vie durant.

Dès son plus jeune âge, il s'engage dans l'action collective pour défendre les droits des travailleurs. Songez qu'il n'a que douze ans, lorsqu'il est, pour la première fois, confronté à la dure exploitation capitaliste qu'imposent les filatures du Nord aux plus faibles : enfants, femmes, vieillards ne pouvant plus descendre dans la mine.

Entré quelques années après aux chemins de fer, il créé le syndicat unitaire des cheminots d'Amiens-Longueau.

Le jeune Jean Catelas c'est aussi le soldat héroïque plusieurs fois décoré qui puisera dans l'expérience horrifiante qu'il vit de 1914 à 1918, une haine féroce de la guerre et une volonté intangible de lutter pour la paix..

C'est l'homme qui n'hésite pas en 1920 lorsqu'il s'agit de s'engager dans la création du Parti Communiste Français.

C'est celui qui, député communiste, se dresse en tout premier contre le nazisme, le fascisme qui enflent dangereusement en Europe. Le voilà en Espagne, avec les brigades internationales sur le front de l'Ebre aux côtés de la Passonaria.

Et de retour en France, toujours au service de la liberté, de son pays, de son peuple, le voilà condamné, son parti interdit, voilà le député communiste déchu, la France muselée par des chefs qui rivalisent de zèle pour toujours mieux servir l'ennemi dans la couche duquel ils se vautrent..

Jean Catelas est de ceux – trop rares , beaucoup trop rares alors - qui résistent. Comme il le peut, comme ils le peuvent. Et, quoi qu'il en soit toujours avec courage, avec humilité, avec dignité.

La mémoire d'une telle et immense figure appelle, je l'ai dit, fidélité et respect.

C'est dire qu'il est vain de prétendre s'en accaparer si peu que ce soit, pour des raisons personnelles, politiciennes, j'ai envie de dire bassement politiciennes...

Etre fidèle à Jean Catelas, c'est refuser le culte, c'est rejeter le dogme, c'est s'attaquer au présent pour construire un avenir émancipateur.

C'est aller à la source, non pas pour en garder l'eau, mais pour la faire couler.

Voyez ce qui anime le PCF aujourd'hui.

Nous voulons relever les défis de la mondialisation pour en finir avec la domination capitaliste qui l'enserre jusqu'à détruire les équilibres naturels en écrasant l'humain et en menant la terre à la faillite. Nous voulons, de même, relever le défi de l'Europe, afin que d'instrument au service des puissants, elle devienne levier au service des peuples.

N'était-il pas de la même veine l'internationalisme de Jean Catelas, se dressant contre la peste brune qui mettait l'Europe à genoux !

Combien de fois à l'époque, a t-on expliqué de toute part qu'un tel combat était perdu d'avance ?

Mais, à la fin des fins ce sont les mauvais génies du renoncement qui ont perdu la partie.

Sous d'autres formes, ils recommencent leurs lithanies. Allons de l'avant et rassemblons !

Nous voulons que notre peuple se donne un nouveau projet, pour une société meilleure ou l'on vivra mieux, parce que l'on produira mieux et que l'humain respectera l'humain.

Bien sûr ce défi d'aujourd'hui répond aux exigences du 21 ème siècle ! Mais quoi ! N'était elle pas de la même trempe, la volonté d'unir la classe ouvrière et ses alliés dans un Front populaire porté par les exigences de pain, de paix, de liberté. Et c'est parce qu'il personnifiait au plus haut point cette volonté que Catelas, avec Prot, fut élu député.

Et puis voyez notre ambition, de faire que le Parti Communiste Français se ressource pour être indissociablement le parti où, dès qu'on y adhère, on se sent écouté, respecté, utile et le parti toujours au service de notre peuple pour l'aider à se défendre et à se libérer. C'est bien là même ambition, dans des époques différentes qui a conduit Jean Catelas :

En 1920, quand il participe à la création du Parti. En 1930 quand il combat le sectarisme qui le ronge. En 1936 quand il construit le Front populaire. En 1939, 40, 41 quand jusqu'à sa mort, il porte pour la France et son peuple le flambeau de ce parti, et dans les pires conditions.

Avec une ultime pensée pour René Lamps que j'associe à Julia toujours près de nous - et Guy Ducoloné récemment disparu, n'oublions pas le beau message de Jean Catelas :

« Je voudrais que tu comprennes – écrit-il à sa femme, quelques heures avant de mourir - la cause juste et noble pour laquelle je vais tomber, elle est française, elle est humaine, elle est juste, elle est belle ! elle triomphera ! »

Décès de Guy Ducoloné : Réaction de Marie-George Buffet

le 25 août 2008

C'est avec beaucoup de tristesse que nous venons d'apprendre la disparition de Guy Ducoloné.

Guy est parti avec ce courage et cette volonté que nous lui connaissions bien. Avec cet engagement qui fut le fil conducteur de sa vie. Un engagement qui depuis son adhésion aux Jeunes communistes et à notre parti avant la guerre ne s'est pas démenti. Un engagement qu'il partageait et ressourçait dans celui de Madeleine, son amour parti trop tôt.

Un engagement qui le fit entrer en résistance contre l'occupant nazi et le vit affronter l'horreur des camps. Un engagement au service de la paix qui lui valut de retourner dans les geôles françaises après le procès des pigeons dans les années 50. Un engagement qu'il déploya sans cesse dans sa chère ville d'Issy-les-Moulineaux dont il fut un élu local toujours disponible. Un engagement qui en fit un dirigeant national de notre parti et un député communiste, vice président de l'Assemblée nationale, respecté et admiré de tous. Un engagement qui avec son association « Buchenwald Dora » lui fit parcourir les écoles pour dire aux jeunes l'horreur du nazisme et l'honneur de la résistance. Un engagement qu'il ne concevait pas sans l'existence de son « Huma » qu'il a tenu à avoir jusqu'au dernier jour. Un homme engagé et amoureux de la vie, Guy savait nous faire rire et nous redonner confiance.

Un hommage au niveau des services qu'il a rendus à la France et aux hommes et aux femmes de progrès lui sera rendu dans quelques jours. Aujourd'hui, mon cœur est triste et nous assurons son fils Daniel de notre fraternité et de toute notre amitié.

Marie-George Buffet, Secrétaire nationale du PCF.

Paris, le 25 août 2008.

Décès de Soljenitsine : Réaction du PCF

le 04 août 2008

Soljenitsine est mort hier en Russie. Quelle image devrons nous garder en mémoire de ce personnage complexe ? L'image de celui qui a su dénoncer le stalinisme par des écrits majeurs dont l'occident n'a voulu retenir que « l'archipel du goulag », alors que ses romans courts comme, « une journée d'Ivan Denissovitch » ou « La maison de Matriona » ont aussi une très grande force.

Le Parti communiste français a eu raison, en 1974, de protester fermement contre son expulsion et sa déchéance de la nationalité soviétique, un homme de lettre a le droit d'exprimer dans ses livres, et en public, son opposition à quelque régime que ce soit. Mais son long exil de vingt ans et son retour en 1994 avaient fait de lui cet « ermite » rejetant l'occidentalisation de son pays en s'appuyant sur des thèses surrannées. Fasciné par une logique grand-russienne et slavophile, pouvant friser avec un antisémitisme redevenu de saison, il n'aura pas fait le choix d'un Sakarov ou d'une Elena Bonner continuant le combat pour la liberté, la justice, et contre l'oubli, dans un pays qui se flatte à nouveau d'être redevenu une grande puissance, mais qui traite ses marges et ses minorités avec mépris.

Soljenitsine aura été un grand dénonciateur, il a raté le rôle de grand réconciliateur et de défenseur des nouveaux opprimés. Il aura été l'homme d'une seule cause, son aura lui aurait pourtant permis d'en défendre tant d'autres.

Gilles Garnier, membre du comité exécutif du PCF

Paris, le 4 août 2008.

Décès de Pierre Thomas, ancien maire d'Aulnay-sous-Bois (93)

le 28 juin 2008

J'apprends avec une très grande émotion et une grande tristesse le décès de Pierre Thomas, ancien maire d'Aulnay-sous-Bois de 1978 à 1983. Son rôle, au service de sa ville qu'il n'a jamais quittée, au service des Aulnaysiens et Aulnaysiennes, a été considérable. En tant qu'élu, en tant qu'homme politique local, notre ami et camarade Pierre Thomas a fait preuve d'un courage exemplaire.

Je m'incline aujourd'hui devant un homme de conviction dont toute la vie a été marquée par la lutte au service des idéaux les plus nobles de l'humanisme. Militant communiste jusqu'à son dernier souffle, il s'est engagé constamment, avec détermination et simplicité, dans la défense de la démocratie et des valeurs de progrès.

En ces moments de grande peine, je veux transmettre à sa famille et à ses proches mes sentiments d'amitié chaleureuse et mes très sincères condoléances.

Le 28 juin 2008

Marie-George Buffet,

Secrétaire nationale du Parti communiste français,

Ancienne ministre,

Députée de Seine Saint-Denis

Décès d'Yves Saint Laurent / Réaction du PCF

le 02 juin 2008

Le Parti communiste français salue le grand artiste et l'homme.

Avec son fameux blouson noir, le smoking féminin, la collection shakespeare ou la saharienne, Yves Saint Laurent aura révolutionné la haute-couture par son attention aux évolutions du monde, son amour des femmes, le dialogue permanent avec les autres arts, la peinture, le cinéma, la littérature, le théâtre. Homme libre, il voulait aussi par la mode ouvrir de nouveaux espaces de liberté. C'est lui,par exemple, qui aura osé le premier offrir le pantalon aux femmes.

Artiste immense, messager du luxe et de la beauté, il était aussi un homme du partage. Le défilé Yves Saint Laurent à la Fête de l'Humanité en 1988, mis en oeuvre avec Pierre Bergé et Michel Boué, témoignait de sa capacité de don. Yves Saint-Laurent ne concevait pas sa place comme celle d'un marchand de vêtements chers pour femmes riches. Le triomphe populaire de cet événement lui a donné raison.

La France, le monde, avec le décès d'Yves Saint-Laurent, perd un créateur qui marquera longtemps l'imaginaire collectif bien au delà des seuls clients du luxe. Le Parti communiste sait qu'avec sa fondation, sa mémoire sera poursuivie mais aussi l'aide aux jeunes créateurs comme il le souhaitait.

Parti communiste français

Paris, le 2 juin 2008.

« Vive 68 : regards croisés » - La semaine anniversaire

le 13 mai 2008

Nous souhaitons à l'occasion de cette semaine affirmer le rôle positif dans l'Histoire et les acquis pour notre peuple de ces deux mois de lutte intense. Nous voulons donner envie de les prolonger par de nouvelles victoires populaires.

Sommaire Mardi 13 mai Jeudi 15 mai Lundi 19 mai EXPOSITIONS Plan d'accès

Lancé durant la campagne électorale présidentielle par Nicolas Sarkozy déclarant vouloir « liquider 68 », le débat prend en effet une nouvelle ampleur avec les propos de Daniel Cohn-Bendit voulant ravaler 68 au rôle de folklore dépassé.

Les communistes ont participé à écrire l'Histoire de cette année 1968. « 68 » fait donc aussi partie de leur Histoire. Et comme pour d'autres périodes historiques, ils la regardent avec lucidité en cherchant ce qui dans cette expérience peut nourrir leurs ambitions à venir et leurs réflexions sur ce qu'il y lieu de changer. Sans volonté de nier ou occulter quoi que ce soit et en mesurant l'enjeu politique actuel du bilan de l'événement.

Une semaine d'initiatives sera organisée, sous le thème : « Vive 68 : regards croisés ». Elle sera inaugurée le 13 mai à 18h00 en présence de Marie-George Buffet, au siège national du PCF, et aura une résonance sur tout le territoire national par une multitude d'initiatives prises. Elle démarrera aussi le 13 mai avec une présence avec le numéro hors série de l'Humanité de militant-e-s devant 50 entreprises qui ont fait 68.

Mardi 13 mai Jeudi 15 mai Lundi 19 mai EXPOSITIONS Plan d'accès

Le PCF fête 68 : la volonté de transformer le monde

le 13 mai 2008

L'évocation médiatique des événements de mai-juin 1968 a débuté. Les journées du 10 au 13 mai en constituent un moment charnière. Le 13 mai 1968, il y a quarante ans jour pour jour, la France connaît une grève générale mémorable qui va s'enraciner dans tout le pays en quelques jours.

Dix millions de salariés au plus fort de l'action vont engranger une spectaculaire moisson revendicative et provoquer une secousse politique pour plusieurs décennies. Toute la nuit du 10 au 11 mai, la violente répression policière lancée contre le mouvement étudiant vient de mettre en état de siège le Quartier latin.

A l'initiative de la CGT et de son secrétaire général Georges Séguy, la riposte du 13 mai, en faisant converger ouvriers et étudiants, va faire changer de nature et d'échelle les événements de l'époque.

« Vive 68 : regards croisés » - La semaine anniversaire

Le pouvoir gaulliste n'a plus seulement face à lui une jeunesse étudiante impatiente de changer d'époque mais la France salariée tout entière. L'affrontement de classe devient direct. C'est dès lors une tout autre histoire qui commence et qui va donner aux événements une résonance politique et sociale toute particulière.

Manifestement quarante ans après, la France n'a pas oublié la portée de ces événements. Dans une enquête d'opinion CSA publiée dans le journal L'Humanité, révolte étudiante et grève ouvrière restent aux yeux des sondés intimement liée alors que tant de récits édulcorés s'ingénient à les opposer et surtout 68 demeure indubitablement associé à une période d'espoir social. Un espoir qui fait tant défaut aujourd'hui. L'an dernier, Sarkozy affichait sa volonté de liquider l'héritage de 68. Depuis son élection, sa politique s'y emploie tout autant qu'à brouiller les repères. Mais le paradoxe est là. La déclaration de guerre du nouveau président a plutôt réveillé la mémoire de 68 qu'elle n'a réussi à l'enterrer. Le bilan social des événements se déforme certes ici ou là, il est parfois plus marqué dans les esprits par les conquêtes qui suivirent que par la réalité des conquêtes obtenues en mai et juin. Mais la mémoire reste vive, elle ne s'efface pas, loin s'en faut. Neuf sondés sur dix de moins de trente ans gardent une image positive des événements ; seule la catégorie ouvriers, avec 93%, dépasse légèrement ce pourcentage. Pour les jeunes générations, 68 reste un repère pour demain. C'est un obstacle de taille sur la route du pouvoir en place.

L'évocation de mai-juin va aujourd'hui à la rencontre d'un puissant désir de changement à nouveau très présent dans le pays, de très fortes attentes sociales dans la plupart des catégories de la population. Que 62% des Français estiment probable la réédition d'un mouvement social de cette ampleur, que 41% des Français, 58% des ouvriers et 53% des employés le souhaitent en dit long sur la profondeur de la colère sociale mais aussi de la recherche politique qui travaille le pays.

« Lliquidons 68 ! » dit Sarkozy ; et Daniel Cohn-Bendit titre son dernier livre « Oublions 68 » !

Pour sa part, le PCF lance son pavé dans le marais du consensus lénifiant avec un « Vive 68 ! » aux arêtes bien aïgues.

Loin de la commémoration officielle aux accents d'enterrement de première classe, le PCF retient de la révolte étudiante et de la plus grande grève ouvrière de l'histoire de France le souffle toujours actuel de la volonté de transformer le monde. Il fête un anniversaire qui tourne vers l'avenir. Comme en 68, la société supporte de plus en plus mal les dominations qui l'enserrent. Le travail est synonyme de souffrance quand il devrait libérer. Le besoin de partage est barré par les logiques de privatisation des marchés. Les relations humaines dans le village planétaire sont pourries par les guerres économiques. Les ressources et les richesses servent la croissance financière contre le développement durable des hommes et des territoires. Penser un autre monde, pour les communistes, voilà toujours l'urgence et le rêve sans cesse reconductible de 68.