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Décès d'Aimé Césaire : Réaction de Marie-George Buffet

le 17 avril 2008

"Aimé Césaire est mort. Je salue l'ami qui nous quitte, avec tous ceux des Antilles, des Caraïbes, d'Afrique, de France et du Monde qui le pleurent.

Je repense à la rencontre que nous avons eue le 24 novembre 2006. Un mot me vient : dignité.

Aimé Césaire restera pour moi un homme qui a regardé tout le siècle passé en face, l'homme de toutes les révolutions, poétiques et politiques.

Contre l'oppression du système colonial et l'exotisme de bon aloi, il a forgé, avec ses camarades, Léopold Sédar Senghor et Léon Gotran Damas, le concept de négritude. Aimé Césaire disait : « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle, le rejet d'une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. » Le discours du président à Dakar montre, ô combien, l'actualité de ce combat.

Aimé Césaire, ouvrant des chemins d'une identité debout, ne faisait pas de ce combat une affaire fermée. Il concevait son humanisme actif et concret à destination de tous les opprimés de la planète.

Sa poésie, dont André Breton disait qu'elle était « belle comme l'oxygène naissant », son théâtre, ont inventé une langue d'une grande puissance incantatoire jamais coupée de son idéal.

Fondateur du PPM, député de la Martinique, président du Conseil général et Maire de Fort de France, il a engagé sa pensée, comme élu, dans des actes utiles aux Martiniquaises et aux Martiniquais.

Tous les progressistes auront à coeur de faire vivre le poète, l'anticolonialiste, le progressiste dont l'oeuvre est encore bien nécessaire.

Lors de notre rencontre de mai 2006, nous avons échangé sur les raisons de son départ du PCF en 1956. Je lui ai remis un duplicata de sa lettre à Maurice Thorez dans laquelle il écrivait : « Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n'est ni le marxisme, ni le communisme que je renie, que c'est l'usage que certains font du marxisme et du communisme que je réprouve ». Il me redisait ce qu'il avait écrit quelques mois plus tôt à l'occasion du débat en France sur la loi du 23 février 2005 vantant les bienfaits du colonialisme : « Je reste fidèle à la doctrine et anticolonialiste résolu ».

Un grand homme part. Mais Aimé Césaire marquera pendant longtemps les communistes et tous ceux pour qui émancipation et libération ne sont pas des mots vains.

Je transmets mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches, aux militantes et militants qui ont agi avec lui, et à nos amis du PC Martiniquais. Une délégation du PCF se rendra à ses obsèques."

Marie-George Buffet Ancienne ministre Députée de la Seine St Denis Secrétaire nationale du PCF

Paris, le 17 avril 2008.

Mai 68 : Un regard communiste

le 25 mars 2008

Par quel étrange tour de passe-passe idéologique Sarkozy qui appelait il y a moins d'un an dans sa campagne à « liquider une bonne fois pour toutes » l'héritage de mai 68 peut-il être aussi souvent présenté par des commentateurs prétendument avisés de ces événements comme un enfant voire un héritier de cette période historique ?

On prête certes ces temps-ci à Carla Bruni de grandes vertus transformatrices à l'égard de la personnalité présidentielle mais de là à nous faire prendre l'enfant chéri du MEDEF pour un adorateur refoulé de la barricade révolutionnaire, il y a comme qui dirait tromperie sur la marchandise.

C'est pourtant ce genre de confusions, largement entretenues, qu'un véritable débat sur la nature de ces événements devrait s'employer à dissiper. Or si les forces progressistes réellement attachées à prolonger la portée de ce mouvement unique en son genre ne s'en occupent pas, ce n'est pas gagné. Autrement dit, la mémoire de 68 est un enjeu historique et politique de première importance. Il convient d'abord de réhabiliter un récit non édulcoré de ces événements. Nous en sommes loin. La singularité de Mai 68 en France est d'avoir été indissociablement un mouvement étudiant et de la jeunesse radical ET une grève générale ouvrière inégalée, tout autant une libération de la société qu'un affrontement de classe de très grande portée.

La droite qui eut si peur hier de la convergence de toutes ces forces aimerait tant aujourd'hui pouvoir continuer à trier et à effacer de la mémoire collective ce qui la dérange.

Il importe aussi de s'attacher à rendre dans toute leur ampleur la visée émancipatrice des idéaux qui agitèrent alors étudiants et salariés.

Libération des mœurs et respect de la dignité des travailleurs, pouvoir du peuple et primauté de l'individu... tout était mêlé dans cette vague qui allait changer la France. On voudrait aujourd'hui tout opposer, nous sommer de choisir quand il est au contraire plus actuel que jamais de s'attacher à faire reculer toutes les formes de domination qu'elles quelles soient. De 68, il nous faudrait retenir la dimension jubilatoire pour laisser au vestiaire de l'histoire l'utopie anticapitaliste. Nous, nous voulons tout garder, pour tout repenser et tout réinventer.

Enfin l'histoire politique de 68 mérite elle aussi d'être racontée, ses promesses comme ses occasions manquées. Mieux vaudrait éviter pour cela d'emprunter les sens uniques d'un anticommunisme historiquement daté, surtout quand les acteurs politiques de l'époque sont prêts à un débat lucide et sincère, sans tabou.

C'est en tenant compte de tout cela qu'on pourra ouvrir le débat comme il se doit et éviter qu'on nous raconte un peu trop d'histoires.

Ecouter : IL EST INTERDIT DE S'INTERDIRE - France Inter

Tous à la manifestation du 23 février contre le ministère de la honte

le 22 février 2008

à 15h, Place Denfert-Rochereau, PARIS

La semaine anticoloniale a été lancée après le vote par l'assemblée nationale de la loi du 23 Février 2005 sur « le rôle positif de la présence française outre-mer notamment en Afrique du Nord.

Aujourd'hui elle poursuit le combat contre les idées révisionnistes, dangereuses de Nicolas Sarkozy émises dans le discours de Marseille,Dakar,Toulon,contre ce ministère qui cristallise ces idées

Nous appelons à manifester contre, les rafles au quotidien, les internements dans des centres de rétention surpeuplés,contre l'utilisation des test ADN,contre la casse du droit d'asile.

Signez l'appel sur www.anticolonial.net pour :

L'abrogation des dispositions colonialistes de la loi du 23 février 2005 La reconnaissance par l'Etat Français de sa responsabilité dans les crimes coloniaux. La fin des rafles et des expulsions, la régularisation des sans papiers La suppression du Ministère de « l'identité nationale et de l'Immigration ».

Premiers signataires :

ACTUS Tchad AFASPA, Alternatifs, Alternative Libertaire Americans Against the War-France / AAW-France APVC (Agence de le Promotion des Cultures et du Voyage), Association Marocaine de La Voie Démocratique, ATTAC, Au Nom de la Memoire, CAAC-Comores, CADTM, CEDETIM, Cercle Frantz Fanon, collectif Génocide Made in France, Collectif Kofélé, Comite Vérité Justice pour Charonne, COMITÉ CHARGÉ DE L'ORGANISATION DE LA CONFÉRENCE NATIONALE INCLUSIVE DE PAIX ( COPORT ) AU TCHAD Coordination 75 des Sans Papiers CNT Droits devant Espaces Marx, Fédération des Collectifs île de France de Sans papiers, FETAF, Fondation Frantz Fanon, FORUM ESPANO-MAROCAIN POUR LA MÉMOIRE COMMUN ET L'AVENIR FTCR Gennevilliers pour tous, GRAPR (groupe de réflexion et d appui pour la promotion rurale), Ishtar, LCR, Les Alternatifs, Les Panthères Roses Les Verts, MJCF, MRAP, NAD (Nouvelle Alternative pour le Développement), PCF, PCOF, Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT) Reseau international Frantz Fanon, Réseau AL-AMAL pour le secours et le développement Survie, UNADE, USTKE, Veto !, ZEP...

Quand Sarkozy assimile communisme et nazisme

le 15 février 2008

La réaction d'Olivier Dartigolles sur France Inter

Nicolas Sarkozy a hier, lors du dîner annuel du CRIF, comparé communisme et nazisme, sous un angle nouveau, celui de leur supposé commune « absence de Dieu ».

Ces parallèles entre communisme et nazisme font, depuis quelques années déjà, partie des nouvelles lunes de la droite la plus dure. Ils occultent évidemment la détermination avec laquelle des communistes partout dans le monde se sont battus, souvent au prix de leur vie, pour éradiquer le nazisme sur la planète et sauver la vie de Juifs menacés de mort.

Et ils sont d'autant plus scandaleux que sous le prétexte de lutter contre la barbarie, ces propos visent d'abord à discréditer définitivement l'idée qu'une émancipation humaine est possible. Et en même temps, ils ne peuvent que contribuer à ouvrir la porte à tous ceux qui cherchent à des degrés divers à réhabiliter le fascisme.

Les propos de Nicolas Sarkozy sont d'autant plus scandaleux qu'ils s'intègrent à la nouvelle croisade présidentielle contre la laïcité. Prendre ainsi en otage l'histoire et la foi des croyants pour faire avancer des convictions politiques particulièrement réactionnaires est aussi scandaleux que ridicule.

Parti communiste français

Paris, le 14 février 2008.

France / Algérie : Nostalgie coloniale et nouvelle coopération

le 03 décembre 2007

Le président de la République effectue un voyage officiel en Algérie dans une ambiance glaciale. Le racisme qui suintait de son discours de Dakar, son refus de condamner le passé colonial, la chasse aux immigrés qu'il réclame de son ministre Hortefeux, son alignement sur la vision américaine du choc des civilisations ont créé un climat de défiance et même d'hostilité.

Un triste ministre algérien a pu s'y engouffrer pour une sortie antisémite, une déclaration insupportable... qui permet d'ailleurs à Sarkozy d'échapper à sa mise en cause.

La reconnaissance des crimes des colonisateurs français est un impératif pour que les deux peuples puissent se tourner ensemble vers l'avenir. Ce qui s'impose, ce n'est pas une « repentance » d'un peuple français qui n'a pas collectivement mis la main au crime mais la reconnaissance d'une histoire sanglante, étape indispensable à la « réconciliation des mémoires » des deux rives de la Méditerranée. Il y faut une autre hauteur de vue que celle de Sarkozy qui continue à juger l'histoire dérangeante « qui est là et continue parfois à s'interposer entre nous ». Certains hommes d'Etat s'en sont montrés capables, Mitterrand tenant la main d'un chancelier allemand, Willy Brandt à genoux devant les crimes de la déportation et la Shoah, Chirac reconnaissant la responsabilité de l'Etat français dans l'extermination des juifs français.

Dans un entretien à l'agence algérienne APS, le président se borne à renvoyer dos à dos « des blessures des deux côtés qui ne sont pas refermées » et propose une sorte de compromis pour « rapprocher notre lecture de l'histoire ».

Si depuis des mois l'Elysée laisse réhabiliter les criminels de l'OAS, ces terroristes qui massacrèrent des milliers d'algériens et s'attaquèrent aux partisans français de l'indépendance algérienne, ce n'est pas seulement pour flatter la vieille fibre colonialiste de la droite française ni pour finir d'apprivoiser l'extrême droite. Ce n'est pas une réaction d'orgueil ni de susceptibilité. Admettre la brutalité du pillage des pays colonisés, l'humiliation des peuples opprimés, les séquelles qui demeurent de la destruction des sociétés de ces pays, cela impliquerait des rapports de réparation, une coopération nouvelle non pas du plus fort au plus faible mais entre égaux où l'intérêt mutuel des peuples l'emporterait sur l'appétit vorace des multinationales.

Or ce sont les contrats juteux pour les grandes firmes françaises – et cela d'abord – qui motivent Sarkozy. Cinq milliards d'euros sont espérés lors de cette visite. La hausse des prix du gaz et du pétrole n'a pas vraiment amélioré les conditions de vie des Algériens mais elle en a fait un pays solvable. Pour empêcher qu'il se tourne vers les groupes américains, Sarkozy propose un partenariat pour dix ans et agite la perspective d'une « union méditerranéenne ». Jusqu'alors, rien n'autorise à espérer qu'il propose à l'Algérie autre chose que « travailler plus pour faire gagner plus » à des firmes comme Total qui convoite les hydrocarbures et va y investir 1,5 milliards de dollars.

L'enjeu n'est donc pas une petite querelle de mots ou une archaïque dispute en responsabilité. Il en va de notre avenir commun, des possibilités de construire une humanité plus solidaire.

Pour Nicolas Sarkozy, la jeunesse résistante n'est belle qu'au passé

le 25 octobre 2007

M. Wauquiez a annoncé que le gouvernement envisage de pérenniser la journée « Guy Moquet » sous la forme d'une « journée consacrée à la jeunesse résistante ».

« Resister se conjugue au présent » disait la grande résistante Lucie Aubrac. Comme Marie-George Buffet l'a proposé lundi 22 octobre au métro Guy Moquet, « faisons en sorte que l'année prochaine à la même date, partout en France cette commémoration se transforme en un forum citoyen où les jeunes filles et jeunes garçons de France puissent dire haut et fort pourquoi ils résistent ».

Ministre de l'intérieur d'un gouvernement qui a voulu imposer le CPE, Nicolas Sarkozy a résisté plusieurs semaines à la jeunesse qui n'en voulait pas. Elu Président de la République, il multiplie les opérations de communication destinées à masquer la réalité de sa politique.

Au contraire, être fidèle à la résistance des jeunes contre l'occupation nazie, c'est défendre et développer la sécurité sociale et non pas la démolir, c'est défendre le service public plutôt que de le privatiser, c'est défendre les valeurs et l'idée ouverte et généreuse de la France des résistants qui « croyaient au ciel et qui n'y croyaient pas » contre la France étriquée et cadenassée auquelle la droite aspire.

Parti communiste français

Paris, le 25 octobre 2007.

La polémique Guy Moquet : les réponses d'Olivier Dartigolles - porte parole du PCF

le 23 octobre 2007

http://www.dailymotion.com/swf/5JMa...

22/10/2007 - 75 Paris - Rassemblement au métro Guy Môquet

le 22 octobre 2007

Date de l'initiative : 22/10/2007 Ojet de l'initiative : Rassemblement au métro Guy Môquet

Descriptif rapide de l'initiative A l'initiative de l'Amicale de Paris de Chateaubriant-Vove-Rouillé, du Parti communiste français, de la CGT (union départementale de Paris et URIF), du MJCF, de l'Institut d'Histoire Sociale de Paris et d'Ile de France et avec le Musée National de la Résistance comme conseiller historique. Département : 75

Lieu et adresse de l'initiative métro Guy Môquet (Angle des rues Marcadet et de Saint Ouen) Paris

Organisations et personnalités participantes Interventions au nom des organisateurs de *Marie-George Buffet*, secrétaire nationale du PCF, députée, *Didier Le Reste*, secrétaire national de la CGT cheminots, *Philippe Baudelot*, de l'Amicale de Chateaubriant, *Cédric Clérin*, du MJCF, *Patrick Picard*, secrétaire de l'UD-CGT de Paris, et *François Bourcier et Isabelle Starkier*, comédiens, *Guy Hervy*, secrétaire général du Musée de la Résistance, *Moonir*, slameur, * Kazem Shahryari*, poète. Clôture avec la *Chorale populaire de Paris*. Contact pour information @ : lklajnbaum@pcf.fr Contact pour information (tèl.) : 0140401212 Heure de l'initiative : 12h00

Marie-George Buffet : Hommage aux 27 de Châteaubriant

le 22 octobre 2007

Marie-George Buffet : Hommage aux 27 de Châteaubriant

Elle s'appelait Léoncie Kérivel. Et l'on ne sait pas grand chose d'elle. Son mari, marin pêcheur dans la région, est l'un des 27 fusillé, ici, à Châteaubriant. Elle était comme lui internée dans ce camp.

Quel acte de résistance avait-elle accompli pour mériter ces barbelés ? On ne le sait pas. Tout ce que l'on sait d'elle, c'est que lorsqu'elle a vu son homme partir au peloton d'exécution, lorsqu'elle l'a vu partir avec ce gosse de 17 ans, elle a demandé à prendre la place de cet enfant.

Elle était prête à mourir pour laisser vivre l'avenir.

Mais les nazis avaient trop de mépris pour les femmes. Ils ne les jugeaient pas assez dignes pour être fusillées. Ils les décapitaient. Ils ne les considéraient pas assez pour les imaginer résistantes. Alors Léoncie est restée là, dans ce camp, les 27 sont partis sans elle. Les 27, syndicalistes, élus, ils étaient tous engagés pour le progrès social et démocratique. Ils ont été choisis pour cela, parce qu'ils voulaient tuer le Front populaire. Nous sommes aux balbutiements de la résistance. Oui, il y a ceux dont l'on parle et les autres dont l'on ne parle pas. Ceux et celles dont le nom, au détour des rues et des commémorations, évoque la gloire de la résistance. Et celles et ceux dont le courage fut tout aussi éclatant et qui sont restés anonymes. Ils,elles étaient égaux dans le combat. Mais le hasard et le temps n'ont fait émerger que quelques noms et quelques histoires.

Ainsi, il y a Guy, il y a Léoncie comme il y a Odette et son amie Paulette.

Guy et sa lettre d'adieu. Une lettre d'amour d'un gosse à ses parents qui porte en elle les rêves d'une vie brisée. Cette lettre que le président de la République a décidé de faire lire demain dans les lycées de France. Pour moi, cette lecture ne peut être qu'un choix de l'équipe éducative,elle ne peut être qu'un moment d'une journée de débats sur le passé mais aussi sur la situation des jeunes aujourd'hui ! Cette lettre qui donne ici à notre hommage une signification particulière. Mais aussi, Odette et ses lettres qu'elle envoyait à ses proches toutes ces longues années d'internement, et dont les livres d'histoire ne savent rien. Odette et son évasion et sa participation active à la Libération du pays.

Oui il y a ceux dont l'on parle et celles dont l'on ne parle pas. C'est pour elles que je suis venue, toutes ces femmes anonymes parmi les anonymes. Comment parler ici de Guy sans parler d'Odette, de Léoncie, et avec elles de toutes ces résistantes oubliées, de ces femmes dont le courage ne devait rien à quiconque, de ces femmes à qui nous sommes tout autant qu'aux hommes redevables de la Libération. « Sans les femmes », disait Lucie Aubrac, « la Résistance ne pouvait rien faire. » Rarement pourtant leur nom revient. Et quand il sonne à l'oreille c'est sous le vocable de l'épouse ou de l'amoureuse, de la femme résistante parce qu'aimante, de celle qui prend des risques insensés parce que l'amour rend un peu fou.

La Résistance c'est pourtant aussi leur histoire. Le courage face à l'occupant ce fut aussi le leur. Les femmes ont tenu leur rang. Simplement. Les connaît-on suffisamment ces combattantes de l'ombre ? Leurs noms, leurs actes, leur courage sont-ils inscrits dans nos mémoires ? Lucie Aubrac, la reine de l'évasion, et Madeleine Colin, la petite main des P&T qui informait les résistants mis sur écoute. Olga Bancic, la réfugiée roumaine qui fournissait la MOI en armes, et Geneviève Anthonioz-De Gaulle, journaliste clandestine à la tête d'un réseau uniquement féminin. Colette de Dampierre la comtesse que ses tortionnaires n'ont jamais pu faire parler, et Danielle Casanova, ma camarade déportée après avoir bravée tous les dangers. Marie-Claude Vaillant-Couturier, sa soeur de combat, et Isabelle Clayes, cette ouvrière du Nord, organisatrice infatigable, toujours attirée par l'action armée... J'aime égrener ces noms. Il y en a tant d'autres, tant d'autres que sans quelques passionnés, comme notre ami Antoine Porcu, l'histoire aurait oubliées. Elles étaient si nombreuses, ces femmes engagées connues ou moins connues, depuis la blanchisseuse à l'enseignante, la paysanne à l'intellectuelle. On pourrait en citer tant d'autres car la résistance des femmes n'a rien à voir avec une liste d'exceptions ; elle ne relève pas de l'anecdote. Non, décidément, la résistance des femmes ne fut pas une résistance de seconde zone. Elles n'étaient pas des « femmes de ». Elles étaient elles-mêmes, femmes pleinement. Résistantes, pleinement. Nous devons à ce qu'elles ont accompli d'être ce que nous sommes. Et les femmes leur doivent non seulement le droit de vote mais aussi une part de leur émancipation d'aujourd'hui. Leur condition de femmes les rendait sensibles d'une façon toute particulière aux errements de l'humanité. Et cette révolte les emportait tout entières.

« L'homme qui tirait l'autre nuit. C'était moi », ainsi s'achève l'un des poèmes de Madeleine Riffaud. Elles furent nombreuses à prendre le maquis, à porter des messages, à cacher des clandestins ou des enfants juifs, à éditer des journaux, à les distribuer, à organiser le combat, à maintenir allumée la flamme de l'espoir,... et à penser la France de demain.

Sans doute me permettrez-vous de parler plus longuement de l'une d'entre elles. Je voudrais en quelques mots, vous parler de Madeleine Vincent, celle par qui beaucoup de femmes allèrent au fond de leur engagement au 20 siècle,je fus de celle là, et qui fut l'une des animatrices de la lutte contre les nazis. En juillet 40, elle avait été chargée d'organiser l'action en zone interdite. Elle fut arrêtée, emprisonnée, menottée en permanence pendant deux mois, transférée à Essen, puis à Kreuzbourg, Ravensbrück et Mauthausen. Dans les camps, elle continua de se battre pour la dignité des femmes, qui s'organisèrent pour refuser tout travail industriel, ou toute participation à la construction d'ouvrages militaires. Il en allait de sa vie. J'ai toujours été frappée par le courage qui a été le sien. Non pas un courage tapageur, mais un courage simple, qui s'imposait comme une évidence dans toute son existence. Je ne peux m'empêcher de penser que comme d'autres femmes, comme Léoncie si les gendarmes l'avaient accepté, elle aurait pu se trouver là, dans cette clairière, au côté de Guy Môquet, des vingt-sept, en ce jour tragique où l'horreur laissait ses traces de boues sur l'humanité tout entière. Madeleine a vécu aux cotés de Guy Ducoloné, résistant, déporté et puis député, vice président de l'Assemblée Nationale.Elle fut pour sa part une dirigeante du PCF.

La résistance n'était pas une histoire d'hommes comme elle n'était pas une histoire de femmes. Elle est juste un épisode parmi d'autres de la grandeur de l'humanité. L'humanité qui ne renonce pas. L'humanité qui avance. L'humanité qui se réalise pleinement.

Il est vrai que c'est de Guy Môquet dont on parle. Mais qui est Guy ? Un enfant, un enfant du Front Populaire, fils d'un député communiste, il veut vivre, il aime la vie, il aime, il aime Odette ! Alors devant cette actualité nouvelle, je dirai au peuple de France : « oui, Guy Môquet et tous les autres jeunes, ceux de la Cascade, ces jeunes chrétiens, ces jeunes communistes, tous les siens ont droit à votre mémoire ». Non pas pour des vies données, mais pour des vies volées. Non pas tant pour leur héroïsme, que pour leur éclatante humanité. Ils et elles méritent votre mémoire parce que leur vie, leur mort, leur histoire, viennent nous interroger sur le monde qui se construit et la manière dont chacun, chacune y prend sa place. Et je dirai qu'à travers l'émotion d'un drame poignant, celui de la vie d'un jeune homme, à peine commencée mais fracassée, à travers ses mots tout entiers tournés vers la vie, ce sont les espoirs et les rêves de toute la résistance que l'on peut ressusciter. Je pense à vous qui au sein de l'Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé travaillez depuis des décennies à faire vivre la mémoire de la résistance. Vous dont le travail éclate aujourd'hui au grand jour, vous à qui je veux rendre hommage. Vous le constatez : beaucoup aujourd'hui sont venus en pensant à Guy Môquet. Beaucoup repartiront avec son visage en tête mais aussi avec ceux de tous les autres, de toutes les autres, avec ces visages empreints de vie et de détermination, empreints de sourire et d'espoirs, heureux. Alors oui dans l'hommage de la République demain, il y a une chance de perpétuer une mémoire vivante, celle de ce jeune garçon et de ses camarades. Une chance de perpétuer, à travers lui une mémoire vivante de la Résistance. Une Résistance qui va bien au-delà des hommes et des femmes ici internées. Une Résistance qui à travers lui conjugue patriotisme et combat communiste, la Marseillaise et L'internationale, le drapeau tricolore et le drapeau rouge, les valeurs de la République. Une résistance qui montre que français et étrangers, on dirait aujourd'hui immigrés a combattu ensemble la barbarie. Et je ne peux m'empêcher de penser à une autre lettre, celle de Missak Manouchian à Mélinée, sa « petite orpheline » et à ces quelques mots d'avant la mort : « Bonheur à tous ». Oui, cette mémoire vivante, c'est celle de l'humanité profonde dont tous ces hommes et femmes tenaient leur conscience et leur engagement. Tous et toutes sont morts pour la France, et les étrangers aussi avec le même courage. Mais, tous et toutes sont morts, précisément pour l'idée qu'ils s'en faisaient : la liberté, l'égalité, la fraternité...

Alors oui perpétuons cette mémoire encore vivante ! Non pas pour exalter un glorieux passé. Non pas pour chercher dans l'histoire de quoi oublier le présent. Simplement pour vivre aujourd'hui en pleine conscience de ce que signifie être homme et être femme. Simplement pour avoir toujours à l'esprit la noirceur des ténèbres qui peuvent toujours menacer l'humanité. Simplement pour avoir toujours au cœur les valeurs, les rêves et le courage de celles et ceux qui ont terrassé la barbarie pour mieux nous ouvrir des lendemains qui chantent. Simplement parce que notre espoir lui aussi est encore vivant ! Et c'est de tout cela, pour tout cela que je débattrai demain avec les lycéens et les lycéennes, les enseignants et enseignantes au lycée professionnel Jean Moulin du Blanc-Mesnil avant de leur lire la lettre de Guy à ses parents. C'est pour tout cela que le Parti communiste tient chaque année à honorer la mémoire des 27 et à travers eux de tous les autres, les autres morts pour la Liberté, morts pour la France. Vous le savez, je ne suis pas venue ici participer à cet hommage par effet de mode. Le Parti communiste Français tient chaque année à honorer la mémoire des vingt-sept et à travers eux de tous les autres, de toutes les autres morts pour la France, morts pour notre liberté.

Résister. Je ne veux pas galvauder le mot, car rien n'est comparable à ces temps de ténèbres. Je veux simplement dire que c'est bien de ce côté là qu'il faut puiser lorsque surgit l'inacceptable. La précarité, la division, la mise au pas de la liberté, la traque, la mise en cause de la dignité humaine avec les tests ADN, oui, lorsque surgit l'inacceptable, nous devons savoir le débusquer et mettre sur sa route tous les obstacles du monde. « Les barricades, écrivait Elsa Triolet, n'ont que deux côtés ». Résister, oui, c'est de là que doivent surgir l'espoir, l'envie, l'attente. « L'avenir n'est pas une amélioration du présent, écrivait encore Elsa. C'est autre chose. »

Oui, vraiment, il y a ceux dont l'on parle et ces hommes et femmes dont l'on ne parle pas. Je pense à ce jeune homme de dix-sept ans qui se battait pour un avenir, qui se battait pour « autre chose ». Je pense aux vingt-sept, aux femmes de la Résistance, à tous ceux et celles qui voulaient vivre pleinement, libres, égaux, soeurs et frères. Je pense à leurs espérances communes et leur détermination à vivre pleinement. Je pense à Lucie Aubrac qui nous disait « résister c'est créer Et je sais qu'être digne de ce qu'ils, de ce qu'elles ont accompli, n'est pas payable en mots, ni même « en gloire » ni même « en larmes ». Cela relève d'un combat quotidien : faire advenir « autre chose ». C'est ce combat qu'il nous faire vivre aujourd'hui. Résistons à l'inhumanité, inventons des solidarités, créons de l'espoir, soyons artisans de bonheur.

Résistons aujourd'hui !

Marie-George Buffet Secrétaire nationale du PCF Hommage aux 27 de Châteaubriant

21/10/2007 - 44 Châteaubriant - 66ème anniversaire de la fusillade de Châteaubriant

le 21 octobre 2007

Allocution de Madame Marie-George BUFFET, secrétaire nationale du Parti Communiste Français en hommage aux 9 fusillés du 15 décembre 1941.

Date de l'initiative : 21/10/2007 Ojet de l'initiative : 66ème anniversaire de la fusillade de Châteaubriant Département : 44

Lieu et adresse de l'initiative - *A 9 heures* : Rendez-vous place de l'Hôtel de Ville de Châteaubriant pour se rendre à la Blisière en *hommage aux 9 fusillés du 15 décembre 1941*. *A 13 h 15*, au Château : départ du défilé *« Visages de Résistantes »*, avec les enfants des écoles du Pays de Châteaubriant. *A 14 heures :* Rendez-vous Rond-point Fernand Grenier pour *« Le défilé de la Mémoire »* jusqu'à la Carrière des Fusillés, avec les enfants des écoles du Pays de Châteaubriant et le concours de l'Harmonie de Châteaubriant. Dépôt de gerbes. *Carrière des fusillés :* sous la présidence de Madame Odette NILES, présidente de l'Amicale et de Monsieur Alain HUNAULT, maire de Châteaubriant. Allocution de Madame Marie-George BUFFET, secrétaire nationale du Parti Communiste Français. Contact pour information @ : lklajnbaum@pcf.fr Contact pour information (tèl.) : 0140401212 Heure de l'initiative : 9h00